Stéphane Kipré : « Ouattara rend la réconciliation impossible »

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Physique d’un deuxième ligne de rugby, le pas indolent et l’allure monacale, Stéphane Kipré se mue pourtant en fauve dès qu’il foule une tribune pour parler de la Côte d’ivoire. Ce samedi 4 octobre 2014, à Nantes, dans une rafale de formules bien senties, le président de l’Union des nouvelles générations (UNG) est sans concessions sur l’action du président ivoirien. Au cœur de son discours : « l’impossible réconciliation d’un pays traumatisé du fait d’Alassane Dramane Ouattara. » C’était à l’occasion de l’installation de la nouvelle section de son parti à Nantes, en France.

Le rituel est à tous points conforme au fonctionnement des forces politiques en Afrique : autour du chef, un aréopage l’air grave comme si l’air finira par faire la chanson. À la seule différence que, ce jour-là, à Nantes, autour de Stéphane Kipré, l’on ne trouve que des trentenaires. Costume à même le corps, le discours virulent et mobilisateur. Dans la ligne de mire, la gestion de l’après-conflit par Ouattara et le « néocolonialisme français. » D’où cet appel aux militants à se préparer « pour la reconquête de la souveraineté » de la Côte d’ivoire.

Tribun insoupçonné, Stéphane Kipré interpelle les Ivoiriens : « Comment réconcilier le pays avec autant de partisans de Gbagbo emprisonnés sans jugement ? Comment réconcilier les Ivoiriens alors qu’on n’enregistre aucune poursuite dans le camp adverse malgré les crimes graves commis dans le Nord et à Abidjan ? Comment réconcilier les Ivoiriens entre eux alors que des villas, des maisons et des plantations spoliées par les rebelles le sont toujours ». -L’UNG affiche clairement son soutien et son allégeance à Gbagbo et exige sa libération. Quant à l’implication de la France dans sa « chute », le président de l’UNG n’en revient toujours pas : « Voir une armée étrangère attaquer un palais présidentiel et changer de régime est inacceptable. Le prétexte du contentieux électoral l’est autant. Quand on décide pour nos pays sans nous, c’est décider contre nous ». Raison pour lui d’étendre le combat politique à l’étranger : « À Nantes, vous avez également la mission d’éclairer les Français sur la crise ivoirienne et vous serez d’autant plus crédibles que si vous êtes également des citoyens actifs de votre ville d’accueil ».

À l’ombre ou sur le flanc du Front patriotique ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo est en train d’émerger une force qui entend peser sur les prochaines échéances politiques avec comme atout un large rajeunissement des cadres.|Botowamungu Kalome (AEM)