RDC : ça craque d’un peu partout, sinon tout va bien

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À Beni et dans les environs, chaque semaine s’ennoblit de ses dizaines de morts. Pas besoin de pinailler sur l’identité des tueurs et des commanditaires : ADF, FDRL ou Maï Maï, tous font bénéficier leurs victimes d’une égalité de traitement, un mode opératoire rodé, éprouvé, récurrent. Au Grand Kivu toujours, Nande et Hutus tiennent une comptabilité macabre et jouent à qui collectionnera le plus grand nombre des scalps des voisins. Ils en seraient à deux ou trois petits milliers de victimes. À Tshikapa, un conflit intra-clanique a vidé la police locale de tous ses éléments qui ont rejoint un mouvement insurrectionnel. Dans la région, un chef coutumier avait déjà lâché ses miliciens dans une action similaire sans grande conséquence ; juste quelques dizaines de corps disséminés ça et là pour orner les rues. Au Tanganyika, un conflit ethnique impliquant les Pygmées affiche un bilan famélique : à peine 120 écoles incendiées. Tiens, Kasumbalesa aussi avait eu son petit lot de conjurés liquidés. Pendant ce temps… Oui, pendant ce temps, la police nationale, sa haute hiérarchie et le ministre de l’intérieur s’amusent dans des tournois de foot marathon à Kinshasa. Pourquoi s’embêter alors que tout va bien ?

Hier, dimanche 4 décembre 2016, le journaliste Tchèques Bukasa a été interpellé, puis relâché mais reste poursuivi pour « outrages au service des renseignements ». Ses téléphones confisqués, certains de ses contacts doivent trembler, notamment un en particulier installé en France qui, supposé proche des Tshisekedi, « a abondamment échangé avec lui, jeudi dernier, sur des sujets sensibles ». Des jeunes de Lucha, de Filimbi, des opposants – pas forcément de gros calibres-, bénéficient tous d’une attention particulière de la part de ces services. Un travail de fourmi qui, bien évidemment, ne laisse pas à l’Agence nationale des renseignements (ANR) le temps nécessaire pour voir venir ces conflits qui se multiplient.

Il se trouvera toujours des esprits chagrins pour laisser entendre que le chaos est aux portes de la RDC. Faux, c’est l’opposition qui appelle au chaos à Kinshasa après un tour de chauffe le 19 septembre dernier. Ces derniers événements ont même fait l’objet d’un livre blanc signé par le ministre de l’intérieur, le professeur Evariste Boshab qui y a tenu une comptabilité très précise sur le nombre de victimes. Un livre similaire avec un décompte pointu des victimes des événements de janvier 2015 est sans doute encore sous presse.

Tout le monde l’aura compris ou du moins devrait le comprendre : Tshisekedi, aussi, avec ses exigences exponentielles mobilise, à sa façon, toutes les autorités nationales à Kinshasa les empêchant d’aller sur le terrain à Beni, à Tshikapa, à Tanganyika, à Kasumbalesa… Cela leur prend tellement du temps que, même pour aller expliquer l’action gouvernementale à l’étranger et en particulier aux États-Unis, elles ont délégué cette tâche à une femme politique américaine moyennant de très modestes honoraires de l’ordre de 450.000 dollars.

À part cela, tout va très bien en RDC, foi de Joseph Kabila. |Botowamungu Kalome (AEM)