Tsaka Kongo : « Pour les funérailles d’Angela Moto na Vélo, seuls Vital Kamerhe, Papa Wemba, Nyoka Longo et Blaise Bula ont contribué financièrement… »

Avatar photo
L’artiste Tsaka Kongo, président de l’association « Artiste en Danger »|Photo d'archives

Lorsque nous le rencontrons pour une interview, Tsaka Kongo est en route pour la prison de Makala, un sac rempli des vivres en bandoulière, pour porter assistance aux comédiens Esobe et Ngadiadia. Le chanteur ne ferait plus que ça et son inspiration se serait tarie selon certains de ses collègues, tandis que d’autres plus sévères l’accusent de se servir de l’association Artiste en Danger pour s’enrichir sur le dos des artistes. Face à ces attaques, l’intéressé oppose sa profession de foi : « Je suis sur les traces d’Henri Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge et je m’inspire de l’association Journaliste en Danger. Ceux qui me critiquent ne se sont jamais montrés solidaires des autres… Tout récemment, pour les funérailles du chanteur Angela Moto na Vélo, seuls Vital Kamerhe, Papa Wemba, Nyoka Longo et Blaise Bula avaient apporté une contribution financière ». Quant à sa carrière musicale, Tsaka Kongo affirme avoir été contraint à une pause suite à des ennuis de santé et promet de refaire parler de lui « très bientôt ».

AFRIQU’ÉCHOS MAGAZINE (AEM) : Vous êtes très chargé Tsaka Kongo…

TSAKA KONGO (TK) : Après cette interview, je vais me rendre au Centre Pénitencier de Makala pour apporter assistance aux artistes comédiens Esobe et Ngadiada incarcérés depuis quelque temps.

AEM : Rappelez-nous les motivations qui ont présidé à la création de l’association « Artiste en Danger ».

TK : J’étais chargé du social au sein de l’Union des Musiciens Congolais (UMUCO) lorsque le vieux Bolhem de Negro Succès était malade, sans soutien et chassé de l’Hôpital Mama Yemo. J’avais alors décidé de rechercher l’assistance pour lui. Finalement Mama Tshala Muana et d’autres artistes m’ont soutenu dans cette démarche. Le pire est arrivé lorsque le même jour Djo Poster de Grand Zaiko a rendu l’âme l’avant midi et Vieux Bolhen le soir. J’ai approché l’Hôtel de Ville et Tabu Ley, vice-gouverneur à l’époque et nous avions alors reçu une aide de 2.000 dollars. Mais lors du retrait, les agents du service social de l’Hôtel de Ville ont voulu ponctionner 800 dollars sur cette aide, face à notre refus cette aide ne nous a pas été versée. Finalement, c’est grâce au chef de l’État que nous avons bénéficié d’une assistance de 10.000 dollars.

AEM : Quelles sont les réalisations notoires de cette association ?

TK : Nous avons initié le projet Cri des Artistes, une chanson dédiée aux victimes de guerre à l’Est. Aussi, nous avons assisté plusieurs artistes comme Doudou Ngafura, Kidiamfuka, Mayaula Mayoni, Dominique Mabua, Maman Ewaso, Sonzo, Evoloko, Lufua Mawidi (l’auteur du Grand Tam tam à l’entrée de la Foire de Kinshasa)…

AEM : C’est toujours par la mendicité que vous vous en sortez…

TK : J’accuse nos aînés qui n’ont pas pensé à la situation sociale des artistes. Feu Président Mobutu avait initié le Fonds de Promotion Culturelle (FPC) et ce fonds devait être géré par FASAEC (Fonds d’Assistance des Écrivains et Artistes Congolais). Curieusement la Direction Générale des Recettes Administratives et Domaniales (DGRAD) perçoit les fonds sans restituer la part de FASAEC. La Société Nationale d’Assurance (SONAS) s’est engagée à venir à notre secours et nous a assistés pour le cas d’Ilo Pablo ainsi que pour les obsèques d’Alpachino et de Sans Souci. Les artistes, non seulement ne comprennent pas le sens d’une association, mais ne veulent pas non plus s’assurer.

AEM : Pourquoi les artistes et particulièrement les musiciens congolais n’arrivent-ils pas à s’unir pour défendre leurs intérêts ?

TK : L’artiste congolais est fragile devant l’argent. L’enveloppe du Chef de l’État a suffi pour enterrer l’AMC (Association des Musiciens Congolais).

AEM : Cela n’a pas l’air de vous décourager…

TK : J’appelle les artistes à m’apporter leur encadrement dans ce que j’entreprends avec l’ASBL Artiste en Danger. Il faut arrêter avec la suspicion sur l’utilisation des fonds de l’association. J’ai toujours été passionné par Henry Dunant (Fondateur de la Croix Rouge) ou JED (Journalistes En Danger. Enfin, l’État Congolais a laissé les artistes à la merci de la contrefaçon. Je réclame son appui dans la lutte contre la piraterie.

AEM : L’assistance aux artistes a supplanté votre propre carrière…

TK : J’ai deux groupes sous ma direction : le Stunning Mangenda et le ballet Tsaka Kongo, nous avons arrêté les activités suite aux ennuis de santé que j’ai connus. D’ici mars nous serons sur le pont. Dans un premier temps, je vais reprendre ma chanson intitulée Démocratie afin de me rappeler aux bons souvenirs des mélomanes.

AEM : Vos détracteurs vont vous accuser de manquer d’inspiration ?

TK : Pas du tout. Nous nous approchons des élections, et la chanson s’adapte bien au contexte. Cette chanson a été utilisée pendant longtemps comme générique du journal télévisé de la RTNC et aujourd’hui, elle sert de générique à l’émission École de la Démocratie de la RTNC.

AEM : Quelle est votre opinion sur l’appel à manifester contre la maison Schengen suite au refus de visas aux artistes musiciens ?

TK : Nous n’allons pas servir d’escalator ou de boucliers à Ferré et Fally Ipupa parce qu’ils n’ont pas eu droit au visa. Ferré est incapable de donner un verre de sucre à la femme de Pépé Kallé et se dit être de l’école de ce dernier. Il y a des revendications plus légitimes pour le bien-être des artistes comme la lutte contre la piraterie, les droits d’auteur, etc. |Propos recueillis par Paul Kabeya (AEM), Kinshasa, RDC