Le livre très controversé de Thilo Sarrazin vient de relancer le débat sur l’immigration et l’intégration des étrangers dans la société allemande. La tonalité et la surenchère des arguments développés aujourd’hui rappellent les campagnes électorales des années ‘90 où les programmes des partis politiques mettaient un accent particulier sur l’immigration et la politique en matière de demande d’asile. C’est dans ce contexte hostile à l’immigration que la chancelière allemande vient d’annoncer une série de mesures pour favoriser l’intégration des immigrés.
Thilo Sarrazin membre du parti de gauche SPD, dans son ouvrage, s’attaque aux immigrés turcs qui, selon lui, « ne se sont pas intégrés dans la société allemande et sont incapables, pour la plupart, de parler correctement allemand ». Des propos qui ont soulevé un tollé au sein de la communauté turque à tel point que certains responsables de son parti avaient même suggéré son exclusion. L’auteur ne dut son salut qu’aux résultats des sondages qui montraient qu’une grande partie de la population partageait ses vues. Peu après, le CSU sortit son plan d’intégration en sept points non sans avoir souligné, par la bouche de son leader Horst Seehofer, que « l’Allemagne n’était pas une terre d’asile au sens classique du terme ». Pour sa part, la chancelière allemande Angela Merkel voudrait parvenir à « une meilleure politique d’intégration » et a pris, dans la foulée, déjà quelques mesures : les cours d’allemand et d’intégration seront obligatoires et les récalcitrants sanctionnés. Elle envisage également de mettre l’accent sur la formation et la qualification des immigrés, tandis que ceux qui ont acquis leurs qualifications dans leurs pays d’origine, verront leurs titres reconnus afin de faciliter leur accès au marché de l’emploi en Allemagne. La chancelière espère des résultats de ces mesures d’ici à 2015.
L’Allemagne détient, en effet, un taux élevé d’immigrés hautement qualifiés au chômage, certains sont même diplômés des universités et hautes écoles techniques allemandes. La chancelière reconnaissait d’ailleurs, le 3 novembre dernier, qu’il était difficile pour un immigré portant un nom non-allemand de trouver du travail. Cette discrimination touche aussi des jeunes issus de l’immigration qui ont beaucoup de peine à trouver des postes d’apprentissage dans les entreprises. Face à ce constat, la chancelière a promis d’embaucher des immigrés dans les services publics comme la police, l’administration et l’enseignement.
L’arrivée des immigrés dans l’enseignement pourrait participer à la résolution du problème du taux très élevé d’élèves issus de l’immigration qui abandonnent leurs études et qui est le double de celui des élèves allemands. Le fait que des immigrés adultes n’émergent pas est considéré comme un facteur de démotivation de ces jeunes mais également des dérives délinquantes. |Lumbamba Kanyiki (AEM), Berlin, Allemagne