Benção Cavila N’yoka Abílio : « La Protection Civile est opérationnelle 24 heures sur 24 sur toute l’étendue du pays et sur tous les fronts »

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Haut cadre du ministère angolais de l’Intérieur, le Dr. Benção Cavila N’yoka Abílio vient d’être nommé commandant en second de la Protection Civile depuis le mois de mars. Sur la brèche depuis 36 ans, l’intéressé affiche un cursus impressionnant : formation militaire spécialisée en Roumanie et en Russie, cours intensifs suivis auprès des techniciens américains, français et cubains, une formation en Grande Bretagne au City and Guild College et une maitrise en criminologie et justice criminelle obtenue au Brunel University à Middles.

AFRIQU’ÉCHOS MAGAZINE (AEM) : Un séminaire sur la prévention des catastrophes naturelles s’est tenu récemment à Cacuaco, à 18 Km de Luanda, quels en ont été les objectifs ?

BENÇÃO CAVILA(BENS) : Le séminaire a été organisé dans le but d’impliquer davantage les communautés dans les tâches de la réduction des risques de catastrophes. Car, les populations sont les premiers bénéficiaires de nos prestations car évidemment plus exposées lorsque les catastrophes surviennent. Plusieurs thèmes ont été abordés notamment la participation de la population elle-même à la prévention et à la réactivité face aux catastrophes. Nous avons également planché sur le rétablissement de la situation après la catastrophe. Cette initiative, menée en partenariat avec certaines agences spécialisées des Nations-Unies ainsi que des O.N.G. internationales telles qu’Oxfam, concerne toutes les communautés qui vivent dans des zones à risques. La semaine prochaine, nous allons renouveler l’expérience à Cazenga. Cela entre dans le cadre des activités du plan d’urgence, approuvé par le Conseil des ministres, qui définit le degré de préparation et la promptitude du pays face aux risques de catastrophe pendant la saison des pluies qui va de septembre 2013 à mai 2014.

AEM : Vous venez d’être promu commandant en second de la Protection Civile, quels sont les contours précis de vos responsabilités ?

BENS : Ma mission est d’épauler le commandant national de la Protection Civile et des Pompiers dans le domaine de la réduction des risques de catastrophes. Il faut savoir que l’Angola est l’un des pays dans le monde qui, comme tous les Etats membres de l’ONU, a souscrit au plan d’action de Hyogo visant à mettre en place une base institutionnelle nationale solide de réduction des risques de catastrophe. Celle-ci consistera, en priorité, à davantage de formations et de préparation des communautés qui ont souvent tendance à minimiser les risques qui les menacent ou les risques qu’elles font courir aux autres. Je rappelle que j’ai déjà exercé des fonctions similaires au niveau provincial, à Huila, à Moxico et à Luanda. Je suis l’adjoint d’un commandant qui a sous ses ordres plus de 8.000 hommes sur l’ensemble du pays, un nombre qui est susceptible de doubler dans les prochaines semaines.

AEM : Certains quartiers de Luanda sont difficilement accessibles, comment pourriez-vous intervenir en urgence en cas de nécessité ?

BENS :Nous disposons d’unités motorisées spécialisées dans l’extinction des incendies. Nous avons également déployé des plongeurs dans toutes les provinces du littoral dans le cadre du projet « PSA-Plages sécurisées de l’Angola » pour justement écourter la distance des interventions et les résultats enregistrés à ce jour sont plutôt encourageants. Sur toutes les routes nationales où les accidents de circulation sont fréquents, nous avons installé des postes de secours. Nous comptons, aujourd’hui, plusieurs détachements de Prévention et des Secours aux sinistrés de la route.

AEM : Quels types d’intervention avez-vous récemment réalisées ?

BENS :Sur toute l’étendue du pays, la Protection Civile est opérationnelle 24 heures sur 24 et sur tous les fronts. Outre le combat acharné que nous menons contre les incendies, nous avons été dans toutes les zones touchées par les inondations et, actuellement, nous apportons assistance aux populations du sud du pays qui sont confrontées à des difficultés liées notamment à la sécheresse. En matière de sécurité routière, grâce aux équipes que nous avons détachées à Vista Alegre dans la province de Uige, Morro do Binda dans le Kwanza norte, Canjala dans la province de Benguela ainsi qu’à Lussussu (Pingo Doce) dans le Kwanza sul, on assiste aujourd’hui à une baisse substantielle du nombre des tués. Les victimes sont secourues et prises en charge assez rapidement. Ce qui importe le plus, c’est d’avoir davantage d’investissements dans la prévention pour éviter des dépenses et des pertes lors de nos interventions en cas de catastrophes.

AEM : Quels critères doit-on remplir pour rejoindre vos rangs ?

BENS :De nombreux jeunes âgés de 18 à 26 ans, avec un bon niveau scolaire, en pleine condition physique et avec un bon état mental, ont pu ou vont rejoindre nos rangs cette année. Les candidats doivent, en outre, passer des examens médicaux et un test de sélection.

AEM : Si vous aviez un message particulier à adresser aux lecteurs, lequel serait-il ?

BENS :Près de 75% de la population mondiale est aujourd’hui exposée aux risques des catastrophes provoquées par des phénomènes naturels ; la croissance démographique urbaine, la dégradation de l’environnement et le réchauffement global continuent à aggraver l’impact des catastrophes et à augmenter la vulnérabilité des populations, particulièrement les plus pauvres. Le temps est venu de prendre des mesures efficaces pour changer le cours du développement du monde. Chaque société aspire à un vrai développement durable visant à réduire la pauvreté mais aussi les risques des catastrophes. Pour cette raison, chacun de nous, chaque habitant de la planète, est aujourd’hui appelé à oeuvrer en faveur d’un monde plus sécurisé et meilleur que nous devons léguer à nos petits-enfants. |Propos recueillis par Jossart Muanza (AEM)