Burundi : Aventureux

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Il faudra désormais se méfier de certains dictons du genre « Vox populi, vox Dei » entendez « La voix du peuple est la voix de Dieu ». Et encore, qu’il ne faille pas confondre une foule, une meute avec le peuple en considérant que toute masse qui gagne la rue le fait au nom de la majorité silencieuse. Non sans s’astreindre à une consommation avec discernement de la presse étrangère avec ses spécialistes à foison de l’Afrique. « Les Burundais ne veulent pas d’une nouvelle candidature du président sortant », « La police soutient le président sortant mais pas l’armée », nous a-t-on assuré. Le général Godefroid Niyombare l’a aussi cru. À son détriment et, surtout, à celui de la société civile qui était en train de remporter haut la main le combat de l’opinion.

Les événements du Burundi auront souligné cette intime conviction que partagent largement les Africains : « Le pouvoir n’organise pas les élections pour les perdre ». C’est couru d’avance, pensent les Africains dès qu’un président sortant est candidat à sa réélection. Sinon, les Burundais auraient sagement attendu les élections pour signifier à Pierre Nkurinziza qu’ils ne voulaient plus de lui, question de lui faire payer ce qu’ils considéreraient comme une distorsion de la loi suprême.

Il se pose aussi la question de la gestion et de l’aboutissement des actions de la société civile qui peuvent tout aussi être le cheval de Troie de l’opposition espérant quelques morts pour caractériser comme sanguinaire le régime combattu. Surtout que la CPI n’a fait le choix de faire ses emplettes qu’exclusivement en Afrique. Et en Afrique noire de préférence. Ainsi, lorsque le pouvoir acculé veut négocier, il n’a pas d’interlocuteur identifiable. Pendant ce temps, la rue réclame au dirigeant en place de partir ou de renoncer à une nouvelle candidature sans en définir les modalités et sans avoir de prise sur le comment. C’est ainsi que, l’ancien responsable burundais des renseignements Godefroid Niyombare avait pensé, manifestement à tort, qu’il était le chaînon manquant et que l’armée le suivrait pour parachever le travail de la rue.

Une entreprise aventureuse qui a émietté l’espérance qui était en train de naître depuis les rues de Bujumbura.|Botowamungu Kalome(AEM)