Et si Tshala Muana avait menti sur son agression à Bruxelles et sur l’enlèvement de ses danseuses à Paris ?

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La chanteuse Tshala Muana

Tshala Muana n’aurait pas été agressée par des Bana Congo, ou tout au moins pas tel qu’elle a décrit les faits. Aussi, ses danseuses qui se seraient volatilisées à Paris sur conseil des mêmes Bana Congo n’auraient été que des « ngulu », des filles à qui elle aurait « vendu » des visas. Il s’agit là des rumeurs qui seraient parties du consulat de Belgique à Kinshasa, rumeurs que cette représentation diplomatique et la police belge, contactées par Afriqu’Échos Magazine (AEM), s’abstiennent de… démentir. Ce que d’aucuns considèrent comme une confirmation : Tshala Muana aurait, en effet, menti ou tout simplement gonflé les faits.

L’affaire avait suscité un émoi tout à fait justifié : la chanteuse congolaise Tshala Muana, en séjour en Europe au mois de juin, avait affirmé avoir été sauvagement agressée à la gare du Midi à Bruxelles. Dans sa description des faits reprise sur le site Digitalcongo, la chanteuse assure que ses agresseurs avaient bloqué les portes de la gare bruxelloise tandis que d’autres complices l’attendaient dans le train Thalys qu’elle devait prendre. Difficile, en effet, d’imaginer le blocus de la gare du Midi par une poignée de personnes. Par ailleurs, la chanteuse a déclaré que les complices montés dans le train, pour l’y attendre, avaient été arrêtés parce qu’ils n’avaient pas de titre de voyage. Version difficile à croire, car tout le monde sait que la présentation de son titre de voyage est exigée sur le quai avant d’embarquer dans un TGV Thalys.

Danseuses ou « ngulu » ?

Après l’agression présumée de la gare du Midi à Bruxelles, Tshala Muana s’est plainte de la disparition dans la nature de ses danseuses sur conseil des opposants au président Kabila. Selon, certains artistes qui ont récemment déposé des demandes de visas au consulat de Belgique à Kinshasa, leurs demandes ont été rejetées à cause de cette affaire. Certains responsables du consulat auraient justifié ces refus par le « mensonge de Tshala Muana dont les prétendues danseuses étaient tout simplement des filles qui lui auraient versé de l’argent contre un visa Schengen ». Un signe, sans doute, aux demandes de confirmation ou d’infirmation de cette version d’Afriqu’Échos Magazine : le consulat s’est refusé à tout commentaire même pour démentir les propos qui lui sont prêtés.

Pour les artistes « kabilistes », se faire agresser à Paris ou Bruxelles devient une affaire juteuse

Quoi que l’on dise, le pouvoir de nuisance des Bana Congo a fortement diminué et le groupe semble moins large, moins mobilisé et moins actif que jadis. Le mythe demeure cependant au point où toutes les agressions des personnalités proches du pouvoir lui sont attribuées. Et pourtant, en France en particulier, il reste juste des groupuscules des jeunes qui jouent à se faire rémunérer les perturbations des séjours des proches du pouvoir lorsqu’ils ne font pas chanter les organisateurs des concerts. Mais curieusement, tous les musiciens qui ont animé la campagne électorale de Joseph Kabila prétendent avoir été menacés ou agressés à cause de leur soutien au chef de l’État congolais. Et pourtant, pour avoir couvert la plupart de ces concerts et recoupé les informations des autres confrères, nous pouvons affirmer que ces musiciens ou journalistes inventent tout ou déforment les faits quand ils ne les exagèrent ou ne les détournent pas. Aujourd’hui, il est clairement avéré qu’il s’agit là d’un moyen de soutirer tout simplement de l’argent à Joseph Kabila. L’on a même lu les déclarations d’un porte-parole d’un de ces musiciens « agressés » qui, paradoxalement, tout en clamant la neutralité de sa star, a promis de réaliser des images vidéo pour promouvoir les réalisations des Cinq chantiers au sein de la diaspora congolaise en Europe. Officiellement, d’une manière totalement désintéressée… « Mon oeil » diraient les Français !

Après le folklore de Maïsha Park et la polémique relative aux deux millions de dollars destinés aux artistes, si Kabila garde encore de la crédulité face à ce type de stratagèmes, une telle naïveté serait à désespérer le peuple congolais.| Botowamungu Kalome (AEM)