DJ Lorenzo Madiba : un alchimiste adulé, mais à l’étroit

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Sur la cinquantaine de week-ends de l’année, moins d’une dizaine seulement échappent aux sollicitations de ces familles qui ne jurent que par le DJ Lorenzo Madiba pour animer leurs fêtes d’anniversaire ou de mariage. Souvent à Nantes et de plus en plus au-delà : des villes françaises mais également belges, hollandaises et allemandes. Un rayonnement porté par le bouche à oreille mais qui est loin de représenter le graal pour ce passionné du son : « Je ne renie pas ce genre de soirées, mais le cœur du métier d’un DJ c’est mixer et ça, ça me manque ». Alors que l’étendue de sa clientèle aurait pu constituer un costume ample et magnifiant pour lui, Lorenzo ne peut contenir sa soif inextinguible de mêler, tel un alchimiste, les sons pour leur en tirer ce qu’ils ont de magique.

L’autorité paternelle, la surveillance étroite de ses grand-frères n’y ont pu rien faire ; l’étonnante passion précoce du jeune Laurent a vaincu toutes les résistances : « L’école était la priorité absolue pour mon père, je me pliais à sa volonté, je révisais mes cours et aussitôt après, je m’enfermais dans la chambre et je passais le reste de la soirée, le casque scotché aux oreilles pour m’imbiber des musiques ». À l’adolescence, plus personne ne pouvait brider cette passion, le pater dut assouplir sa fermeté et les grand-frères entreprirent de l’accompagner dans cette voie. Le jeune affranchi saisira au vol le succès planétaire de Michael Jackson pour réaliser, dans son quartier, ses premières productions, des concours de smurf et du funk.

Une oreille musicale précoce

C’est un peu sur le tard que Lorenzo va découvrir et s‘intéresser à la musique congolaise. Alors que les jeunes ne jurent que par les Zaïko, Papa Wemba, Koffi Olomide… c’est par les classiques de Tabu Ley, Franco, Abeti Masikini qu’il s’imprègne de cette musique. C’est la naissance d’une culture musicale éclectique qui va le conduire très régulièrement chez un oncle qui possédait une collection impressionnante. Plus tard, il succombera comme les jeunes de sa génération à la vague Wenge Musica. Bien que jeune mélomane, Lorenzo va se montrer déjà très attentif sur la qualité du son des chansons congolaises : « Je trouvais le son pas assez travaillé. Je me disais : Tiens là, j’aurai pu monter le son de tel instrument, baisser celui de tel autre… »

L’appel du grand large

Son diplôme d’État (l’équivalent du bac) en poche, Lorenzo monte une petite boîte de production avec des potes. À des concours de danse dans les quartiers vont succéder des soirées et concerts pour étudiants. La petite bande va migrer en Afrique du sud, le temps d’affronter quelques âpres réalités et de revenir au pays. Juste le temps d’un court répit, Lorenzo reprendra son baluchon destination la France où il reprendra du service sur conseil de son épouse Mère Vivi comme l’appellent affectueusement les Congolais et Angolais de Nantes. Depuis, DJ Lorenzo Madiba est toujours à l’affût du matériel et de la technologie dernier cri en matière de son et lumière.

Alors qu’il est consacré et collectionne moult surnoms et superlatifs, Lorenzo veut reprendre avec les mix et sévir concurremment dans les discothèques où, estime-t-il, « le DJ est véritablement dans son élément, car ce métier c’est plus que passer les chansons les unes après les autres ».|Botowamungu Kalome(AEM)