Joseph Kabila et Mobutu : deux présidents identiques selon Barbara Nzimbi

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Suite à la publication d’une enquête accablante pour Joseph Kabila et sa famille biologique, une égérie inattendue de la communication du pouvoir s’est révélée : la journaliste Barbara Nzimbi. Et sa sentence est nette : « Mobutu n’était que la victime  d’une machination de ses anciens alliés ». La nuance est de taille, elle ne dit pas « qu’il l’a été » mais « qu’il l’était ». Cette conclusion est avancée par notre consoeur pour absoudre Joseph Kabila des accusations de détention d’un empire économique tentaculaire : « La méthode utilisée, pour jeter en pâture la dignité d’un homme, le Président Kabila, n’est pas sans rappeler celle que les mêmes impérialistes n’avaient pas hésité à mettre en branle contre Feu le Président Mobutu ». Pas suffisant pour dire que Barbara Nzimbi assimile Joseph Kabila à Mobutu, sauf quand elle explique l’animosité de ceux qu’elle qualifie d’ « impérialistes » : « Ces fausses allégations sont le fait de certains membres de la communauté internationale qui abhorrent la souveraineté de la RDC sur ses richesses naturelles. Eux qui souhaitent faire main basse sur les ressources naturelles de la RDC. »

Les déclarations de la journaliste Barbara Nzimbi résumaient le contenu d’une production journalistique d’un genre inédit « une contre-enquête », précisément une enquête sur l’enquête de Bloomberg qui a attribué à la famille de Joseph Kabila la propriété ou des liens avec 80 entreprises. Ces journalistes congolais ne reconnaîtraient à Joseph Kabila, sa sœur jumelle et son jeune frère que la propriété d’un hôtel et d’une boîte de nuit. Les mauvaises langues diront une maison de passe où finissent les clients de leur boîte de nuit…

Pas aisée de trouver le fondement de cette « contre-enquête » dont les conclusions comportent des expressions percutantes : « conclusions mensongères d’une prétendue enquête », « Les comploteurs contre la souveraineté de la RDC », « des informations truffées des contrevérités »… Des expressions que ne renie pas le truculent porte-parole du gouvernement congolais, le ministre Lambert Mende : «Très belle initiative, j’ai d’ailleurs personnellement appelé Barbara Nzimbi pour la féliciter ». Le ministre s’est même engagé « à aider ces journalistes dans leurs recherches ».

Joseph Kabila est-il toujours le fils de son père ?

Cette convergence de vues entre Lambert Mende et Barbara Nzimbi marque de fait cette « contre-enquête » du sceau de « position officielle du pouvoir ». Ce qui est un peu gênant car les Kabila, du père au fils, ont bâti leur légitimité sur la lutte contre la dictature et contre les détournements colossaux de Mobutu. Soutenir le contraire aujourd’hui reviendrait à soutenir que les Kabila se sont servis des « allégations mensongères » pour arriver au pouvoir. Les Congolais se souviennent d’ailleurs que Kabila le père avait tordu le bras à plusieurs dignitaires du régime Mobutu afin de récupérer une partie de l’argent détourné. Tout cela, les auteurs de la « contre-enquête » l’ont oublié et suggèrent que Mobutu et Joseph Kabila, ce sont deux destins identiques, deux présidences identiques car «Par médias interposés, le Président Mobutu avait été présenté comme étant à la tête d’une fortune colossale évaluée en dizaines de  milliards de dollars américains. À sa mort, la vérité éclata. Les comploteurs contre la souveraineté de la RDC ont recouru à la même recette pour déstabiliser le Président Kabila dont le nationalisme et le patriotisme ne sont plus à démontrer» .

Deux conséquences inévitables suite à cette initiative journalistique : soit Mobutu n’a pas détourné un rond et les Kabila seraient coupables d’avoir participé à une campagne de diffamation et de diabolisation dans le but d’arriver au pouvoir, soit le Maréchal a volé mais pas énormément comme croit le savoir Barbara Nzimbi et son équipe : « Sa fortune avait été gonflée superficiellement pour l’opposer à l’opinion nationale et internationale. ». Dans le second cas, ces journalistes se réapproprieraient cette exclamation de Mobutu : « Ata bayibaka, okoyiba ata ndambu te », traduisez : « Si vous ne pouvez vous empêcher de voler, ne volez quand même pas tout ! ».      

Si Joseph Kabila et les siens ne dénoncent pas cette assimilation à Mobutu, ils cracheraient sur la mémoire de Kabila père et le fils assumerait, de fait, sa filiation morale et politique à Mobutu. Une réhabilitation historique et inespérée pour le président-fondateur.|Botowamungu Kalome (AEM)