La 5ème édition du Festival Rumba parade a planché sur les aspects politiques et économiques

Avatar photo

La 5ème édition du Festival Rumba parade s’est déroulée à Kinshasa du 14 au 16 septembre 2018 en deux variantes : le volet scientifique au Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa et le volet festif à la Foire agricole internationale de Kinshasa à l’Académie des beaux-arts. Cette édition avait pour thème : « Rumba congolaise : ses expressions et ses interprétations des faits sociologiques et historiques ». Durant deux jours, les professeurs de l’Institut national des arts et de l’Institut facultaire des sciences de l’information  et de la communication ainsi que des experts de différents domaines ont apporté de l’éclairage sur les prolongements sociologiques et même politiques des messages contenus dans les chansons.

Premier à intervenir, le professeur Godefroid Elite a relevé les facteurs émergents de la rumba congolaise en l’occurrence des facteurs sociaux, économiques, technologiques, industriels, associatifs, etc. Ces divers facteurs qui s’imbriquent et la diversité de nationalités (africaines, européennes, américaines), qui ont contribué à son essor, faisant de la rumba congolaise une musique universelle.

Quant à Didier Mumengi il s’est appesanti sur l’industrie moderne de la rumba au service de l’économie de la culture congolaise. « Face à ses diverses potentialités, la rumba congolaise doit devenir une composante du développement économique de la RDC et pour y arriver, elle doit être institutionnalisée et patrimonialisée » , a-t-il martelé. Il a fait en substance plusieurs propositions pour la matérialisation et l’effectivité d’une économie de la rumba congolaise. Par ailleurs, Jeannot Diop Ne Nzau a développé le sous-thème « Les airs nationalistes dans la Rumba congolaise » en mettant en exergue certaines chansons marquantes de cette musique telles que Minha Angola (Sam Mangwana), Pont sur le Congo (Franklin Bukaka), etc.

De la rumba populaire à la rumba chorale, Ambroise Kua –Nzambi, maître de chœur, a fait le challenge d’interpréter les œuvres de la rumba populaire avec la chorale en privilégiant le côté vocal.

La rumba et la politique, la rumba dans la politique

Le professeur Yoka a, pour sa part, planché sur l’éloge du lumumbisme et du panafricanisme dans la chanson congolaise avec des chansons comme Lumumba Héros National, « Congo nouveau, Afrique nouvelle » , Na nzela ya Addis Abeba, Nelson Mandela, Ebale ya Congo (Grand Kalle et Bombenga) et tant d’autres.

À sa suite, le professeur Michel Ngongo s’est livré à la structuration de la rumba congolaise en quatre composantes dont la fiesta, l’odemba, le mixte : fiesta et odemba et le libre. « Étant nouveau, ce champ de recherche reste à explorer avec d’autres connaisseurs », a-t-il dit.

Le professeur Jean Romain Malwengo s’est plongé dans les méandres du MPR Parti-État pour évoquer le rôle joué par l’animation politique pour consolider ce parti avec les groupes d’animation que le Président Mobutu avait réussi à exporter au Tchad, en RCA, au Gabon, au Togo, etc. « Même les orchestres, comme l’OK Jazz, ont été mis à contribution pour renforcer la propagande du Parti-État », a dit l’orateur.  Dans le  même registre, le professeur Jean Marie Ngaki a démontré le pouvoir que possède la musique pour influer sur l’opinion publique et comment les différents pouvoirs ont utilisé les musiciens pour acquérir l’adhésion populaire; le cas des chansons Topesaki cent ans na Mobutu ou Tokufa po na Congo. La musique est aussi un pouvoir utilisé, de fois, pour rappeler le pouvoir à l’ordre à l’instar de la Chanson Le glas a sonné de Rochereau et autres.

Abordant la problématique des mouvements migratoires des musiciens sur les deux rives du Pool Malebo et leur impact sur le microcosme musical congolais, Herman Bangi Bayo, après avoir seriné ces diverses pérégrinations, a conclu que lesdits mouvements, tout en ayant contribué à l’essor de cette musique avec la création des orchestres tels que Ok Jazz et Rock’A Mambo, Bantous, Kamikaze, ont également été à la base du déclin de bon nombre d’orchestres.

Ces différentes interventions feront l’objet d’une publication avec celles du colloque organisé du 2 au 3 octobre 2018 à Lubumbashi dans le même cadre avec les professeurs de l’Université de Lubumbashi en vue d’appuyer le dossier d’inscription de la rumba congolaise dans le patrimoine immatériel de l’humanité.

Le volet festif s’est déroulé dans l’enceinte de l’Académie des Beaux arts et a réuni différents groupes : les Bantous de la capitale de Brazzaville, Bana system, La référence, le Karmapa, Pépé Felly Manwaku, pour ne pas les citer tous. |Herman Bangi Bayo (AEM)