Lofombo : «Fini de faire le nègre !»

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C’était un très bon «lieutenant» du temps de la splendeur d’Empire Bakuba, pas un  pilier pour le grand et donc privé d’un traitement qu’auraient mérité son talent et son rendement. Et pourtant, c’est par lui que passe aujourd’hui la résurrection de cet orchestre. Godé Lofombo, bassiste à l’origine et aujourd’hui multi-instrumentiste, arrangeur, programmeur et ingénieur de son savoure ce retournement de situation et affiche ses ambitions.

AFRIQU’ÉCHOS MAGAZINE (AEM): Le 28 novembre, sera commémoré le 17ème anniversaire de la disparition de Pépé Kallé. Quel est le programme ?

LOFOMBO: Le programme d’activités pour ce samedi 28 novembre prévoit le dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe de Pépé Kallé, une exposition des œuvres et photos de Pépé Kallé, ainsi que ses trophées, organisée par l’ONG Artistes en danger à partir de 12 heures à la Place des artistes à Kasa Vubu, à 17 heures une messe à l’église Saint Michel à Bandal et à partir de 20 heures une soirée à Kabinda Center, soirée qui sera animée par le groupe Empire Bakuba nouvellement reconstitué.

AEM: Vous avez par ailleurs un opus en préparation, s’agit-il d’un album des chansons inédites ou plutôt des reprises ?

LOFOMBO: Avant le contact avec le président Papy Tex, nous avions déjà remis le groupe sur pied. Sur les conseils de Jules Kidinda, le DG de la RTGA, j’ai décidé de laisser tomber le nom Delta Force et opté pour celui d’Empire Acoustique. Nous avons livré plusieurs concerts à Kinshasa et au Bas-Congo, mais il nous manquait un album sur le marché. Papy Tex me l’avait conseillé à l’époque d’Empire Bakuba (du temps de Pépé Kallé) : pour exister, un artiste doit toujours produire des œuvres, c’est le disque qui fait vivre un groupe et  pas les concerts. Sans aucun disque sur le marché, un groupe ne peut jamais réussir. J’ai à cet effet sollicité Djojo Ikomo dont personne ne peut ignorer l’apport au sein d’Empire Bakuba. Ce grand chanteur a d’ailleurs signé une chanson dans mon album. Profitant de ma rencontre avec Liwa de la Maison Liman, l’émissaire de Papy Tex qui est venu de Paris, avec qui j’ai évoqué le retour de Papy Tex, j’ai saisi la balle au bond car j’ai trouvé l’idée géniale; que Papy Tex vienne m’épauler au lieu de me laisser continuer à me battre tout seul. Papy Tex assume la Présidence et moi je suis l’un des cadres du groupe et en même temps actionnaire.  J’ai apporté des actions en amenant toute mon équipe : les musiciens, les membres  du bureau de mon ancien groupe font désormais partie de l’orchestre. Le produit devrait être sur le marché avant les fêtes de fin d’année.

AEM: Que peut-on déjà savoir de cet album ?

LOFOMBO: L’album contient 8 titres dont une chanson de Djodjo Ikomo intitulée Somele ya leta, un générique (chant d’animation ndlr), et deux reprises: Sombokila et Tika Makanisi (chanson de Pépé Kallé dédiée à sa fille Mamy Mbula ndlr) ; les cinq autres sont mes œuvres. Au regard du travail abattu dans cet album, je peux rassurer les mélomanes qu’ils vont revivre l’Empire Bakuba. De plus, comme le Président Papy Tex a, de son côté, réalisé son Best of Papy Tex qu’il va amener d’Europe, cela va nous permettre d’arroser le marché avec deux produits et d’y être réellement présent. Ce qui est extrêmement important car, à l’heure actuelle, pour tenir, pour faire face au public, pour convaincre les mélomanes ainsi que les sponsors, il faut absolument avoir un disque ou des disques sur le marché.

AEM: Papy Tex a annoncé son départ pour Kinshasa pour le 15 décembre… Il ne pourra apparemment pas intervenir sur cet album ?

LOFOMBO: Nous avons déjà bouclé la boucle, hélas. Mais ce n’est que partie remise. Comme vous le savez, je suis arrangeur, programmeur et ingénieur de son et je dispose d’un studio d’enregistrement. Dès son arrivée, on pourra enregistrer un nouveau morceau avec lui et le sortir dans la foulée ….

AEM: Quels moyens vous êtes-vous donné pour remonter ce groupe et pourquoi seulement maintenant ?

LOFOMBO: Liwa nous a doté d’un équipement complet, c’est en grande partie à lui qu’Empire doit ce retour en force. Beaucoup de gens se plaignaient et nous en voulaient de laisser mourir Empire Bakuba. On ne pouvait rien faire sans moyens matériels et surtout sans l’aval, sans l’implication de ses fondateurs dont le président Papy Tex…Maintenant, nous disposons d’une base solide, d’un équipement qui nous permet de tourner à plein régime, d’un lieu de répétitions, d’un bureau, et bientôt des produits discographiques sur le marché. J’ai grand espoir en l’avenir de ce groupe rénové surtout que je peux compter sur mon mentor, celui qui m’a propulsé, qui a fait de moi le Lofombo que je suis devenu, le président Papy Tex. C’est une garantie. Pendant tout ce temps, j’ai servi de nègre à plusieurs artistes de la place. Tout ce travail que j’ai fourni pour les autres n’a pas été rémunéré à sa juste valeur. Ce fut aussi le cas avec l’Empire Bakuba de l’époque.

AEM: Qu’est-ce qui va changer dorénavant ?

LOFOMBO: Avec la nouvelle structure, on va fonctionner différemment. Et le Président Papy Tex le sait. J’ai posé un certain nombre de conditions en discutant avec Liwa en tant qu’actionnaire : à chaque contrat de production, le leader aura sa part du gâteau, mais chaque musicien aussi. Il faut que les artistes vivent de leur travail, de la sueur de leur front, il faut que chaque musicien parvienne à acheter au  moins une parcelle de terrain. Je déplore ce qui se passe dans la plupart des groupes dont les leaders s’enrichissent sur le dos des musiciens. Cela me révolte. J’ai décidé d’opérer une révolution.|Interview réalisée par Jossart Muanza (AEM)

 

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