
C e samedi 15 mai aux premières heures du matin, dans la Salle festive de Nantes-Nord, n’importe quel puriste n’aurait contenu son plaisir à voir évoluer sur scène l’orchestre Wenge Musica Maison Mère : le groupe proposait une remarquable complémentarité des instruments, un chant harmonieux et une intelligente gestion de la scène. Les différentes sonorités sont nettement distinctes parce qu’elles ne se mangent pas, même lorsque carte blanche est donnée au guitariste solo avec ses riffs reçus par les chanteurs et les atalaku (animateurs) comme un aiguillon euphorisant.
C’est, sans conteste, le meilleur de Wenge Musica Maison Mère de ces dernières années. Rien à voir avec cette vile image d’une musique congolaise débitrice effarouchée d’insanités pour pallier à une panne de réelle inspiration. Pas le moindre cri obscène ni de danse ou posture suggestives, mais du spectacle, du show. Le groupe dégage une discipline rare qui ne laisse paraître le moindre ego en quête de gloriole. Du bon et du beau travail. Dans la salle, ce n’est pas l’euphorie mais tous les commentaires entendus soulignent la qualité de la musique. Suffisant pour excuser le début tardif du concert.
Le concert filait vers une soirée de rêve, une impression confirmée lorsque Werrason rejoint son groupe sur scène. Son charisme incontesté fait passer un frisson chez les fans qui adressent un message d’amour et de fidélité à la star. Vers 1 heure 45’, le chanteur se débarrasse de son blouson noir en cuir et découvre un t-shirt blanc sur un jean très tendance. Au pied de la scène, une armée de mini-jupes en furie, des bouts d’étoffes qui laissent respirer des cuisses jaunes-bananes… des groupies en hystérie au grand bonheur de Werrason qui s’avance régulièrement toucher quelques mains tendues.
Une comédie qui ne fit rire personne
Ce bel élan va vite s’estomper avec la mauvaise idée de Werrason d’inviter des comédiens à présenter quelques sketches. Saï Saï, La Duchesse, Vue de loin et Esobe sont catastrophiques. Environ une demi-heure de comédie en lingala qui marginalise les mélomanes qui ne comprennent pas cette langue. Pire, c’est au fin fond des slips que ces comiques vont chercher une inspiration pathétique, affligeante de nullité.
Quand il reprend son concert, Werrason semble avoir décroché, il n’y est plus. Il campe derrière ses chanteurs, le public le voit à peine. Souvent dos au public, il s’autorise même de s’éclipser plusieurs fois dans les coulisses en pleine interprétation des chansons. Le concert a perdu de son peps, les chansons deviennent interminables et un vrai bazar s’installe sur scène où près de vingt accompagnateurs du chanteur suivent le concert réduisant celle-ci du cinquième de sa surface. Les techniciens s’affolent : plusieurs fois les grosses enceintes vacillent et sont sur le point de s’écrouler sur le public tandis qu’une personne ne trouve mieux que de monter carrément sur l’appareil qui répand la fumée sur scène.
Et comme une suite logique, à 4 heures 30’, l’alarme incendie se déclenche en même temps que s’interrompit l’alimentation de la table de la sono en électricité. Une coupure sans doute programmée par le gestionnaire de la salle en fonction de l’heure prévue pour la fin du concert. La qualité du concert avait tellement baissé que le public n’a même pas la force de se révolter. Un soulagement presque au regard de la tournure qu’avait pris un concert qui avait pourtant très bien commencé.| Botowamungu Kalome (AEM)