
I
l y a douze ans, après un concert au Festival d’été de Nantes, Ray Lema m’avait promis : « Je dois conquérir le public congolais avec la musique de son terroir, la rumba ou le ndombolo quelque soit l’appellation. Je te promets, je vais m’y mettre sans renier tout ce que je fais et que je continuerai à faire ». Ce vendredi 7 août, au Festival « Les Escales » de Saint-Nazaire (50 km de Nantes, en France), Ray Lema tenait enfin sa promesse… presque. Et de quelle manière. Le génie est moins expansif que d’habitude, plutôt très concentré sur son sujet, comme pour se rassurer sur la justesse et la magie de chaque note qui s’échappe de son clavier et que lui rendaient si bien ses musiciens et deux chanteurs connus pour leur talent et leur professionnalisme : Luciana Demingongo et Balou Canta.
Pour ce concert en plein air, à la lumière du jour, le public déborde du périmètre prévu et est pris d’emblée par une musique pleine d’entrain et qui virevolte, swingue régulièrement mais surtout marquée par un sens de mélodie omniprésent dans le chant. La voix grave, quelquefois avec des accents rocailleux, de Ray Lema est idéalement accompagnée par celles de Balou Canta et Luciana qui apportent ce complément de charme qui rappelle tout bêtement la définition de la musique : l’art de combiner agréablement les sons. On y est effectivement.
Le groupe est dans un format qui rappelle celui caractéristique de la musique congolaise avec un rôle prépondérant maintenu à la batterie, mais avec cette différence notable que la place suprême accordée à la guitare solo est occupée par le clavier. La prestation de Ray Lema est justement magistrale, le « nguasuma » y est livré avec une noblesse que je ne lui connaissais pas jusque là. Le public est très réceptif et le rend bien au groupe. Même quand, demandant le silence, Ray Lema évoque les 4 millions des morts de la RDC suite à la guerre, des voix s’élèvent pour dire leur émotion, leur solidarité. La chanson qu’il dédie alors à ces victimes est écoutée religieusement, avec une émotion et une compassion qui emplissent l’air marin qui arrive des côtes de l’océan Atlantique proches.
Mais c’est sur des notes endiablées que Ray Lema et son groupe prendront congé d’un public épris d’amour pour cette musique caractéristique de cet artiste, chercheur invétéré, insatiable qui promet de sortir un disque marqué par cette couleur musicale : « Je n’y suis pas encore, mais là j’ai pu enfin tester la rumba congolaise car je peux compter sur des chanteurs et des musiciens que je sens physiquement même. Je vais continuer à travailler et je tiendrai la promesse que je t’avais faite ».|Botowamungu Kalome (AEM)