Angola : le Royaume-Uni bloque 503 millions de dollars appartenant à Isabel dos Santos

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Isabel dos Santos au festival de Cannes le 27 mai 2022 |Photo ©AFP

D es chiffres à donner le tournis : Isabel Dos Santos détient 503 millions de dollars dans les banques du Royaume-Uni mais dont elle sera privée à titre conservatoire car le gouvernement de ce pays vient de décider le gel de cette « modeste » fortune. Le gouvernement britannique considère, en effet, que l’intéressée « a volé les richesses de son pays pour son profit personnel durant le règne de son père l’ancien président angolais, José Eduardo dos Santos, de 1979 à 2017». En plus du gel de ces avoirs, la femme d’affaires est frappée d’interdiction de voyager au Royaume-Uni. Les sommes bloquées seraient issues d’un double détournement de plus de 63 millions de dollars lorsqu’elle était à la tête de la société nationale de pétrole Sonangol auxquels s’ajoutent 440 millions de dollars, alors qu’elle était aux commandes d’Unitel, le premier opérateur des télécommunications du pays. Le ministère britannique des Affaires Étrangères a présenté ces décisions comme la volonté de « cibler à la fois les auteurs d’actes graves de corruption et leurs complices, en particulier là où des richesses illicites sont cachées au Royaume-Uni, afin de faire du pays un environnement plus hostile aux acteurs corrompus ».

Ces sanctions sont un deuxième revers au Royaume-Uni, car fin septembre, la Haute Cour de Londres a rejeté un appel de la femme d’affaires qui avait demandé l’annulation du gel de 580 millions de livres de ses actifs dans le cadre d’un procès intenté par Unitel. Sont également impliqués dans ce dossier deux des proches d’Isabel dos Santos, en l’occurrence son amie et associée Paula Cristina Fidalgo Carvalho das Neves Oliveira et son collaborateur Sarju Raikundalia.

La fille de l’ancien président angolais n’entend pas se résigner et le dit dans un message publié sur Instagram : « J’ai l’intention de contester ces sanctions et j’espère que le Royaume-Uni me donnera la possibilité de présenter mes preuves et de prouver qu’il s’agit de mensonges fabriqués par le régime angolais pour me nuire ». Isabel Dos Santos nie tout détournement de fonds et dénonce une décision britannique « incorrecte et injustifiée » tout en accusant les autorités angolaises de mener « une persécution politique » contre elle et la famille dos Santos. Et la veuve Dokolo contre-attaque : « L’Angola a besoin d’une nouvelle gouvernance politique » en dénonçant « un règlement de comptes politique ».

Partie en exil à Dubaï depuis 2019, les autorités angolaises venaient de décréter le gel de ses avoirs en plus de multiples procédures judiciaires lancées à son encontre au Portugal, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et aux Îles Vierges Britanniques. Isabel Dos Santos est, en plus, sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par l’Organisation internationale de police criminelle, Interpol.

Depuis trois ans, Isabel dos Santos, 47 ans, est devenue une cible du nouveau président Joao Lourenço qui, au nom de la lutte contre la corruption, l’a écartée sans ménagement de la présidence de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, dès la fin 2017.| Jossart Muanza (AEM)