L’archevêque Kodja Guy-Vincent, ancien rappeur ivoirien, prêche le leadership

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Ce matin du dimanche 16 novembre, l’église évangélique Megvie de Nantes accueillait plus du triple de son public dominical habituel. Une affluence exponentielle pour écouter son président-fondateur, l’archevêque Kodja Guy-Vincent arrivé d’Abidjan. Dès qu’il prit le micro, l’homme de Dieu lança à la personne qui s’occupait de la sono : « Baissez le niveau général ». Le son, jusque-là agressif et assourdissant, devint meilleur. En homme de scène, il recadra aussi les cameramen qui voulaient se planter entre lui et l’assistance : « Vous êtes trop grands et vous m’empêchez de voir l’assistance ». Réflexes d’une ancienne star de la chanson. Puis dans son prêche, les rimes et jeux de mots s’entrelacent sans fin, tandis que fusent aussi quelques formules du noushi (le verlan ivoirien). Avec malice, l’ancien rappeur fait même un clin d’œil à un ami dans la salle : « Tu as vu ? C’est la rimatologie ? ». Star de la chanson ivoirienne, rappeur, même loubard semble-t-il, Kodja Guy-Vincent s’est depuis trouvé une mission : évangéliser. Et cela lui a réussi, ses fidèles se comptent par milliers et son église, Mission évangélique Grâce de Vie (Megvie), s’internationalise en même temps que son fondateur prospère. Une réussite soulignée dans son prêche sur le leadership qu’il a enseigné ce dimanche.

« En plus de croire en Dieu, de se préparer pour la vie éternelle, réussir dans la vie doit faire partie des objectifs de tout chrétien et sans complexes ni faux scrupules », soutient sans ambages l’archevêque Kodja Guy-Vincent. Son église jouit, justement à Abidjan, de la réputation d’attirer des ministres, des hommes d’affaires et la jet set ivoirienne : Gadji Celi, JJK, Stéphane Kipré… pour ne citer que ceux-là. Par des principes comme « Rêver grand pour obtenir grand », « Penser nous au lieu de je », le fondateur de Megvie a rappelé les qualités d’un grand leader que doit être chaque fidèle. Et recommandé même d’aimer et de prier même pour ses ennemis car « ils vous poussent à réussir ». Le tout appuyé par des passages bibliques où Dieu a fait des gens insignifiants de « vaillants héros ».

Malaise autour de la dîme

L’assemblée était suspendue aux lèvres de Kodja, brillant orateur à l’élocution impeccable. À chaque bon mot, des fidèles approuvaient bruyamment ou se levaient pour déposer des billets de banque ostensiblement visibles. Des dizaines de billets de 100 et 50 euro ont ponctué le sermon. Quelques fidèles assument le fait d’aller déposer quelques « modestes » 20 et 10 euro. L’archevêque n’hésita d’ailleurs pas à souligner que « ne pas donner conséquemment à Dieu tout comme le fait de ne pas verser la dîme n’attiraient que modérément les bénédictions divines ». Lorsque l’archevêque demanda à ceux qui ont versé leurs dîmes de passer devant pour être bénis, c’est une poignée qui s’avance. Ainsi devant tout le monde y compris les gens venus la première fois à Megvie, l’on découvrit qui a versé et qui n’a pas versé sa dîme. Un malaise perceptible gagna l’assemblée, la gêne se lit sur les visages de ceux qui ne se sont pas acquittés de cette « obligation », ils sont gagnés par un sentiment d’opprobre pour certains et de culpabilité pour d’autres. Tant pis pour eux, ils ont été privés de la bénédiction à force huile donnée par Kodja Guy-Vincent lui-même.

Et l’archevêque souffla le feu

La fin du culte va donner lieu à des scènes surréalistes avec l’imposition des mains par le fondateur de Megvie. Une démonstration de puissance qui fit entrer en transe ceux sur qui l’archevêque imposait les mains : de l’évêque Denis Gbakpoma jusqu’aux fidèles lambda en passant par le pasteur Nathan et Nathalie Gbohou la responsable de l’intercession. Une trentaine de fidèles furent concernés, restant inconscients quelques minutes allongés sur le sol, muscles et membres très tendus. Le tout accompagné par l’orchestre et les chantres dirigés par Myriam Jourda. À la vénération du début du culte, a succédé, à la fin de celui-ci, un émerveillement des fidèles comme rassurés d’avoir un berger aussi puissant.

L’archevêque Kodja Guy-Vincent poursuivra ses enseignements auprès des Nantais à travers un séminaire qui va se dérouler les vendredi 21, samedi 22 et dimanche 23 novembre 2014.|Botowamungu Kalome(AEM)

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