Dans le cadre de la prochaine élection présidentielle pour laquelle la diaspora gabonaise va voter, le collectif ABO (Ali Bongo Ondimba) avait déclaré vouloir faire de Nantes « une place forte de la réélection d’Ali Bongo ». Mal lui en prit, car Philomène Miaka-Bidet, auteure de ses propos, a subi un assaut de critiques et d’invectives sur sa communication, ses méthodes et sur son champion : « Mensonge », « détournement d’une rencontre conviviale apolitique », « un parti et un candidat minoritaires au sein de la diaspora gabonaise de Nantes », « une organisation du vote complexifiée à dessein par l’ambassade jugée partisane »… Tout y est passé. Sonnée ? « Juste désagréablement surprise par certaines affirmations et par la véhémence de certains propos», concède ce soutien du président sortant. Qui promet des réponses claires sur le terrain non sans revenir, pour Afriqu’Échos, sur certaines attaques.
Si le sourire semble de circonstance, Philomène Miaka-Bidet donne rendez-vous à ses détracteurs : « Nous commençons la campagne officielle lundi prochain, je défie l’opposition de mobiliser plus que nous pour démontrer qu’Ali Bongo et le Parti Démocratique Gabonais sont minoritaires au sein de la diaspora. Je suis démocrate et donc respectueuse de toutes les opinions, néanmoins je constate que certains se limitent à les dénigrer sans leur opposer un candidat et un programme qui représentent une alternative crédible. C’est trop facile et improductif de réduire le débat à des polémiques. Avant d’annoncer le choix de mon candidat, j’avais écumé les villes de France, avalé des kilomètres pour inviter les Gabonais à s’inscrire sur la liste électorale, je ne suis pas sectaire car au-dessus de nos choix politiques, nous avons une seule et même maison : le Gabon ». Et d’inviter ses détracteurs au débat arguments contre arguments : « Le collectif ABO est plus que prêt pour le débat, pour confronter les différentes positions dans le respect même si je peux comprendre que la passion puisse s’y inviter. Mais, le candidat qui sera élu ne sera pas le président d’un camp mais celui qui va tâcher de répondre aux aspirations de tous les Gabonais indistinctement comme le rappelle sans cesse l’actuel chef de l’État ».
L’ambassade du Gabon en France critiquée
Cette semaine, l’association Gabonantes a publié un communiqué invitant ses membres à aller retirer leurs cartes d’électeurs à l’ambassade à Paris avant d‘y retourner pour voter. Un aller-retour Nantes-Paris en TGV coûte en moyenne 140 euro et 60 euro en covoiturage : « Trop cher pour aller voter » estiment beaucoup des Gabonais. Philomène Miaka-Bidet recommande de mobiliser des voitures ce qui baisserait le coût alors qu’une Gabonaise ironise : « Le PDG va louer et mettre à disposition des cars, nous le prendrons pour aller voter contre Bongo ». Afriqu’Échos va interroger l’ambassadeur sur la possibilité d’envoyer, par exemple, les cartes d’électeurs par lettre recommandée car elle ne pourrait être retirée que par le destinataire moyennant une pièce d’identité. Réponse espérée dans une interview sollicitée auprès du diplomate.
D’ici là, la bataille de Nantes s’annonce passionnée et l’enjeu sera moins dans les suffrages à récolter que dans celui de l’opinion. Ternir la personnalité et la réélection probable de Bongo en s’appuyant sur des faits objectifs et sur les différentes zones d’ombre de son parcours pour les uns et, à contrario, pour ses soutiens : « assurer une communication dense, cohérente, didactique et pertinente pour défendre et rétablir la vérité sur l’homme, sur son bilan et sur son programme, le meilleur proposé aux Gabonais ».|Botowamungu Kalome (AEM)