Invalidation de Sam Bokolombe : « Denis Kadima, glorifiez Dieu par votre travail »

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E xpert en élections reconnu sur le plan international, Denis Kadima a été porté à la tête de la Commission électorale nationale et indépendante de la RDC avec « le soutien de six des huit confessions religieuses congolaises : les communautés musulmane, kimbanguiste et salutiste, ainsi que les Églises orthodoxe, du réveil et indépendante ». L’à-priori de son intégrité morale mise en avant par ces églises devait être attestée par des élections saines et honnêtes. Hélas, une décision judiciaire vient de susciter des interrogations à ce sujet : le parquet général près de la cour de cassation vient de déclarer « non établis » les faits mis à la charge de Sam Bokolombe par la CENI qui avait, de ce fait, invalidé sa candidature.

Pour mettre le député sortant hors-jeu, Denis Kadima a marché avec de grosses godasses sur l’honorabilité et la dignité de Sam Bokolombe qu’il  a accusé «d’actes de violence, de vandalisme et de sabotages perpétrés (…) à l’endroit des électeurs, du personnel de la CENI, de son patrimoine et du matériel électoral ». Mais au fil de nos investigations, il s’est avéré que la CENI ne détenait qu’une vidéo ramassée sur Facebook dans laquelle un couple accusait le candidat invalidé de s’être enfermé dans un bureau de vote pour en trafiquer les suffrages. Une accusation qui n’apparait dans aucun rapport des organes de la CENI dans la circonscription de Basakunsu auprès de laquelle Denis Kadima s’est étrangement abstenu de vérifier les faits.

Un premier désaveu de la justice qui ne ramène pas Denis Kadima à la raison

Au vu de la gravité des faits, la justice territorialement compétente a engagé une action au cours de laquelle, les auteurs de la vidéo ont avoué avoir menti. Trop tard car Denis Kadima a entretemps rendu la décision irréversible pour la CENI et même pour la cour constitutionnelle par la disparition des suffrages exprimés en faveur du candidat invalidé.

Finalement, après avoir attendu en vain pendant un an que la CENI apporte des éléments confirmant ses accusations, le parquet général près la cour de cassation vient de rendre son honneur à Sam Bokolombe comme ce dernier l’avait réclamé en lançant ce cri de cœur à l’attention du président de la CENI : « Denis Kadima, attribuez mon siège à qui vous voulez, mais rendez-moi mon honneur ».

Denis Kadima ne peut s’exonérer des excuses

Caution morale de la candidature de Denis Kadima, dès les premières contestations des invalidations, les confessions religieuses auraient dû rappeler ces deux versets bibliques à leur candidat : « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain » (Exode 20 :16) et « L’homme qui rend un faux témoignage contre son prochain est un marteau, et une épée, et une flèche aiguë » (Proverbes 25:18 Bible).

Les prêtres catholiques terminent la messe avec une formule riche de sens : « Allez glorifier Dieu par votre vie », c’est ce que l’on était en droit d’attendre de Denis Kadima par son travail à la CENI. Le Dieu en qui l’intéressé croit serait glorifié si le patron de la CENI exprimait ses regrets et dévoilait la mécanique qui a abouti à cette invalidation et dont il connaîtrait l’instigateur ou l’instigatrice.

Cette histoire aurait pu coûter sa vie à Sam Bokolombe qui en a été ravagé et cela n’est pas sans rappeler cette déclaration de François Mitterrand après le suicide de Pierre Bérégovoy : « Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie ».|Botowamungu Kalome (AEM)