Sam Bokolombe : « Denis Kadima, attribuez mon siège à qui vous voulez, mais rendez-moi mon honneur »

Avatar photo

Député sortant, professeur ordinaire à la faculté de droit à l’université de Kinshasa, haut fonctionnaire de l’État, Sam Bokolombe l’a mauvaise après l’invalidation de sa candidature par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à l’issue des élections du 20 décembre 2023. À l’accusation de « Fraude, incitation à la violence envers les agents électoraux et actes de vandalisme de matériel électoral », la réponse du mis en cause est factuelle : « La circonscription électorale de Basankusu comptait 148 centres de vote et 303 bureaux de vote, aucun bureau n’a fait état, dans son rapport, d’un quelconque incident mêlant peu ou prou ma personne ». Beaucoup de questions autour d’une invalidation dont l’opinion ni le concerné n’en savent pas plus.

Les Congolais appellent leurs députés « honorable » avec un à-priori d’intégrité et de probité qui leur défèrent cette honorabilité. Mais devant un litige, un contentieux, l’honorabilité du député passe un crash test. Sur quoi la Céni aurait-elle fondé sa décision ? En espérant que ça ne soit pas sur base d’une vidéo dans laquelle une électrice dénonce le fait que « le candidat Bokolombe soit assis pendant une heure dans le bureau de vote ».

λ ce soupçon rageusement exprimé qui reste une crainte légitime à nos yeux, l’encore député de Basakunsu apporte son éclairage : « Je suis arrivé à 16h15 dans un bureau de vote bondé de témoins et d’observateurs. À cet instant, la machine était bloquée et un autre électeur se trouvait dans l’isoloir. J’ai alors demandé à attendre assis. L’attente a duré entre 15 et 20 minutes. Des témoins et des observateurs étaient avec moi dans la salle et à travers les claustras tout le monde pouvait voir de ce qui s’y passait. Une fois la machine débloquée, l’électeur qui était dans l’isoloir a voté et moi je l’ai fait, dans la foulée, en 2 minutes et je suis parti aussitôt. Comment aurais-je bourré l’urne dans ce bureau où, au final, je ne suis pas arrivé premier en nombre de voix ? »

Entre questions sans réponse, constats graves et spéculations

L’opinion et Sam Bokolombe sauront-ils les faits documentés qui ont motivé cette invalidation ? Pour l’instant, les constats sont accablants : des intimidations des agents de la Céni ont bel eu lieu, des balles ont été tirées en l’air, des machines à voter ont été soustraites des bureaux de vote, la population a subi des intimidations et de la violence… En cause deux bandes qui ont fusionné et qui opéreraient sous l’acronyme « FARE ». Sur ces violences, Sam Bokolombe rafraîchit la mémoire à l’opinion : « Souvenez-vous en septembre 2023 quand je suis descendu à Basakunsu, j’avais subi des jets de pierres. Depuis, j’avais recommandé à mes partisans de ne pas rentrer dans un cycle de violence, de ne pas tomber dans le piège de nos adversaires, car un siège de député ne vaut pas la vie ou l’intégrité physique d’un seul Basankusois ».

La rumeur, on le sait, prospère quand l’information n’est pas donnée et il y en a deux qui alimentent particulièrement la conversation dans cette partie du pays : un des candidats se gargariserait d’être en couple avec une personne au sommet de la Ceni et un manque de « loyauté » ou plus exactement refus de djalelo qu’on reprocherait à Bokolombe selon un ministre originaire du coin qu’on appelle « Monsieur 200 millions de dollars ». Qui aurait affirmé que l’intéressé paierait le fait de ne pas associer le nom du président de la République à ses nombreuses réalisations. Autant de rumeurs qu’éteindront ou raviveront les décisions et les jours à venir.

« Mes émoluments de député, je les investis dans les équipements publics, dans la santé, l’éducation… »

Sam Bokolombe le répète encore et encore : « Ce n’est pas une question de gains financiers mais d’honneur, je n’accepterais pas de vivre avec l’infamie des accusations portées contre moi par la Céni. Tout ce que j’ai gagné comme député, je l’ai investi pour le bien-être de la population ». Et d’égrener ses réalisations : « construction d’un poste de santé à Bokakata, construction de l’Institut des sciences et techniques médicales (ISTM), reconstruction de l’école primaire catholique EP Mboma, construction de plusieurs ponts en béton et bois conçus par un ingénieur, dotation de plusieurs moyens de transport terrestres et fluviaux, implantation de 15 phonies pour des communications gratuites pour ceux qui n’ont pas de téléphone… »

Sam Bokolombe se victimiserait-il devant des évidences, des preuves que détiendrait la Céni ? Denis Kadima, le président de la Céni se serait-il laissé abuser dans sa volonté déclarée de moraliser le processus électoral ? Certains membres de la commission qui ont traité les dossiers et qui n’ont pas pu protéger leurs propres intérêts ni leurs candidats auraient-ils, en sus, réglé quelques comptes au passage ?

Affaire à suivre.|Botowamungu Kalome (AEM)