La mainmise de Joseph Kabila : mythe ou réalité ?

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Joseph Kabila est-il toujours au contrôle ? Pour répondre à cette question, il conviendrait de remonter dans l’histoire et analyser les successions connues à la tête du pays : Kasavubu/Mobutu, Laurent-Désiré Kabila /Joseph Kabila et aujourd’hui Joseph Kabila/Felix Tshisekedi. J’ai sciemment éludé Laurent-Désiré Kabila/Mobutu car le changement de régime s’est effectué par une prise de pouvoir par les armes. Une constante traverse ces trois successions : la désacralisation de certains caciques qui permet au nouveau pouvoir de prendre ses marques.

La majorité parlementaire composée par le camp de Kabila pourrait-t-elle s’opposer à Félix Tshisekedi engagé dans une politique qui permettrait l’amélioration des conditions de vie de la population ? Les différentes manifestations enregistrées depuis janvier  laissent penser que le peuple se dresserait face aux tenants du statu quo ou plus exactement de l’aggravation de la situation politique, sociale et économique.

De plus, la diplomatie menée par le chef de l’État, qui peut être considérée comme un succès, diminue considérablement les risques d’une ingérence extérieure en soutien de Kabila. Les intentions affichées par le Rwanda et l’Ouganda pencheraient plutôt pour une convergence des vues et des perspectives dans la sous-région.

Il est indéniable que Kabila, tout au long de ses 18 ans de pouvoir, a placé à différents postes stratégiques des personnes susceptibles de lui rester fidèles… et redevables. Il  faut d’ailleurs se souvenir qu’en décembre 2018, quelques jours avant son départ, le président sortant avait procédé à des nominations au plus haut niveau de l’administration publique et de la diplomatie. Il n’est donc pas insensé de se demander jusqu’où ces personnes seraient prêtes à aller pour satisfaire Kabila. La hiérarchie de l’armée qui, d’après certains observateurs serait sous le contrôle de Kabila, reste une énigme.

Une confrontation entre le pouvoir et le FCC pourrait s’avérer suicidaire pour Kabila car même si l’Union Européenne, particulièrement la France et la Belgique ont encore une attitude mitigée, les USA assument clairement leur choix d’accompagner le nouveau Président de la République et de l’assister dans la mise en place d’un État de droit. Les récentes déclarations de l’ambassadeur américain, les sanctions contre certaines autorités et le maintien des sanctions passées contre certains caciques du FCC en sont les preuves. Et rien ne dit pas que cela ne pourrait pas déclencher ou accélérer la  recherche des responsabilités dans les affaires suivantes : Tingi Tingi, Bundu Dia Kongo, Kamuina Nsapu, pour ne citer que ceux-là.

Le seul atout politique objectif et indéniable de Joseph Kabila reste cette majorité politique consciente, par ailleurs du bilan chaotique du régime sortant. La majorité mécanique sous l’autorité de Kabila aura ainsi du mal à s’opposer aux réformes et/ou à un programme qui irait clairement dans le sens de l’amélioration du bien-être des Congolais. |Yori Ndjoli I. Correspondance particulière