Menaces et intimidations contre Afriqu’Échos Magazine

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Des Congolais vivant à Londres, autoproclamés Combattants, ont adressé des menaces à la rédaction d’Afriqu’Échos Magazine promettant aux responsables du magazine ce qu’ils qualifient de « châtiments réservés aux traîtres ». La faute d’Afriqu’Échos ? Avoir réalisé et publié un reportage photographique de la soirée culturelle organisée par l’ambassade de la République Démocratique du Congo, le 29 juin 2007, à l’occasion du 47ème anniversaire de l’indépendance. Voici en intégralité ce message de menaces :
« Les combattants de Londres regrettent infiniment que Afriqu’Échos Magazine soit le tremplin des photos des collabos de kanambe hyppolite alias « Joseph Kabila » concernanr la journee du 30 Juin 2007. Voulez-vous q’on vous cible comme traitre et le moment venu, soumis aux chatiments qu’on reserve aux traitres ? Nous exigeons la reponse immediate. D’ores et deja, enlevez les sales photos sur votre page clic-clac. Nous n’avons jamais ete independants et d’ailleurs aujourd’hui les occidentaux ont mis un petit taximan inculte au pour chez nous, un petit Rwandais, malheureusement nombreux sont ces congolais qui prefernt lecher ses bottes, c’est pourquoi la souffrance continue a Kinshasa et dans les regions. Se/ Kipaka-paka London »

Il s’agirait là, vraisemblablement, des mêmes Congolais qui avaient agressé Léonard She Okitundu à Londres. Dans un premier temps, Afriqu’Echos avait décidé de réserver à cette menace ce qu’elle mérite logiquement : le mépris. Mais après réflexion, le devoir d’informer nous impose de le révéler et d’y répondre publiquement.

Qui sont ces combattants ?

Des Congolais engagés mais dont la sincérité des intentions démocratiques reste à prouver. Qu’ils s’en prennent à ceux qui, selon eux, auraient livré la RDC aux étrangers, cela est louable, seulement pourquoi leur combat est-il aussi récent ? Que le peuple congolais soit spolié, maltraité et affamé, cela n’est nullement acceptable quelque soit l’identité ou les origines de l’autocrate. Où étaient alors ces soi-disant combattants durant les 35 ans de dictature de Mobutu qui avaient fait le lit de sa propre chute et de l’immixtion rwando-ougandaise dans la vie politique congolaise ?

Aussi, il n’est un secret pour personne que ces « combattants » sont proches des mouvements de Jean-Pierre Bemba et d’Honoré Ngbanda. Or, l’on sait que Jean-Pierre Bemba a servi de cheval de Troie justement à l’action politico-militaire ougandaise sur le sol congolais, tandis que Honoré Ngbanda, en plus d’avoir du sang des Congolais sur les mains, a révélé récemment avoir été partie prenante d’une négociation à l’issue de laquelle Mobutu aurait cédé ou promis des portions de territoire à des voisins de la RDC. Cette observation laisse donc penser qu’il s’agirait en partie des anciens de la Division spéciale présidentielle, ces militaires qui ont passé l’essentiel de leur carrière à terroriser les Congolais (Zaïrois à l’époque) pour asseoir le règne de Mobutu, mais qui se sont révélés, au final, incapables de faire face aux militaires de FPR de Kagamé qui ont offert la présidence de la RDC à Laurent-Désiré Kabila.

Que penser de leur « combat » ?

Cette collaboration au régime de Mobutu ne doit bien sûr pas disqualifier tous ces collabos du combat politique congolais. Tout Congolais, quelque soit son passé, a le droit de revenir dans le champ politique et mener le combat qui lui semble juste. Mais quand on a un passé qui n’est pas exemplaire et qu’on semble privilégier la terreur et des méthodes de voyous pour imposer ses points de vue, cela n’est pas du tout respectable, moins encore acceptable. Comment tolérer que menaces, intimidations et agressions physiques soient utilisées contre des gens qui n’usent pas eux-mêmes de moyens militaires ? Et puis quelle indécence de traiter le personnel de l’ambassade de « collabos » ! Comment oser un tel écart de langage vis-à-vis de ces compatriotes qui ont choisi, en ce jour commémoratif, de promouvoir le génie artistique congolais à travers un défilé de mode, une pièce de théâtre et un concert fait du répertoire des années 50 et 60 ?

En réalisant ce reportage, Afriqu’Échos a accompli son rôle de média indépendant et n’a pas cherché à apporter sa caution au régime de Kinshasa qu’il jugera essentiellement sur ses actes, sur son bilan. Quant à ces prétendus combattants qui semblent s’arroger le monopole de l’amour de la RDC, qu’ils sachent que leurs menaces resteront sans effet sur le travail journalistique de notre magazine. Et pour que leur combat soit honorable, qu’ils sortent de l’anonymat et qu’ils aient le courage d’affronter leurs cibles, seul contre seul, sans compter sur l’effet du groupe, du surnombre. À travers toutes les époques, c’est comme cela qu’ont toujours agi des hommes d’honneur. Qu’ils fassent pareil s’ils le sont.

Enfin, parce que Afriqu’Échos est naturellement respectueux de la loi, tout a été fait pour que les autorités britanniques et helvétiques donnent suite à ces menaces dont les auteurs sont à ce jour parfaitement identifiés, particulièrement ce lâche auteur du message qui s’est surnommé Kipakapaka. Sa situation administrative et certains antécédents en font d’ailleurs un très bon client pour la justice britannique et les polices européennes.|Botowamungu Kalome( AEM )