Comment ne pas garder une pensée-pieuse- pour José Eduardo dos Santos ? Comment ne pas pleurer à chaudes larmes l’ancien Président angolais ? Le chef de l’État rdcongolais a mille fois raison de décréter le deuil national le jour des obsèques de ce grand dirigeant africain. Son prédécesseur Joseph Kabila a eu l’attitude juste en rendant hommage à l’illustre disparu.
Vu de RDC, le décès du Président dos Santos appelle bien plus que de la compassion traditionnelle assortie de condoléances d’usage. Survenue – ô ironie du calendrier – en plein énième agression …rwandaise, la mort du prédécesseur de João Lourenco rappelle l’intervention décisive de l’Armée angolaise, voici 24 ans, pour stopper la progression des troupes rwandaises vers Kinshasa.
Comme pour donner raison à l’histoirien grec Thucydide qui affirmait que l’histoire est un perpétuel recommencement, à l’époque le corps expéditionnaire de Paul Kagamé-le même- avait dans ses chars ou dans ses soutes des » Congolais de service » battant pavillon RCD. Ce n’est pas tout. Le pouvoir rwandais alignait des mensonges cousus de fil blanc sur sa non-implication dans un « conflit congolo-congolais ».
Autre remake n’ayant pas pris la moindre ride, le mot « agression » était tout aussi tabou dans la bouche des plénipotentiaires de ceux qui font office de « communauté internationale » . Pire, les « grands » de ce monde étaient davantage préoccupés par des exactions réelles ou supposées contre la minorité tutsie que contre la violation du droit international sur fond de massacres de paisibles Congolais – Mwenga, Kasika, Makobola…- par les troupes rwandaises. Comme quoi, rétroactivement même l’UDPS, à l’époque à la pointe des oppositions congolaises, se rend aujourd’hui à l’évidence que le complot contre la RDC n’est pas une vue de l’esprit.
À la cime de l’État congolais, le parti tshisekediste apprend à ses dépens que la guerre dans l’Est du pays n’est pas due à un quelconque déficit de démocratie. Une leçon, en somme, à tous ceux qui font une lecture politicienne et donc circonstancielle et superficielle, partielle et partiale d’un conflit aux racines et aux tentacules géopolitiques.
Retour au héros du jour.
Tordant le cou à ce « déterminisme géostratégique » , le Président dos Santos a eu le courage d’envoyer son armée défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale du Congo-Kinshasa. Un appui synonyme de grand tournant dans la guerre d’agression version 1998.
S’il est des dirigeants africains qui mériteraient bien d’être admis dans le Panthéon rd congolais, Eduardo dos Santos y aurait toute sa place.|José Nawej