Cinéma | Banel et Adama : du convenu, sobre mais très beau

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Teant qu’à faire dans les clichés, notons d’emblée que le film « Banel et Adama » restitue si bien l’Afrique de l’ouest et ses Ouest-Africains : sobriété dans le paraître, de la tempérance dans le verbe, le cadre immuable de l’islam et des coutumes dans lequel tout s’inscrit, le tout à contrario d’une Afrique centrale où la verve le dispute à l’excentricité et très peu portée sur des traditions essorées par le brassage né de l’hyper urbanisation. L’amour face à des coutumes d’un autre temps, la place et la parole de la femme dans la communauté, la maternité, la liberté de l’individu ou du couple diluée dans la perpétuation des traditions et au profit de l’intérêt dit général, ce sont là les ingrédients du film réalisé par la Sénégalaise Rama-Toulaye Sy.

La trame de l’histoire n’est pas originale : deux jeunes amoureux que la coutume va éloigner l’un de l’autre avant de les remettre en selle et l’intrigue va se jouer entre le choix cornélien pour Adama : assumer ses responsabilités claniques ou vivre à fond leur amour en prenant ses distances avec la communauté. Banel la jeune mariée est à fleur de peau, en rupture avec tout et laisserait son égoïsme consumer tout. Le moyen qu’elle a utilisé pour retrouver Adama, la réalisatrice sénégalaise ne le révèle pas, il est murmuré et fait froid au dos.

Le film est habité de bout en bout par la grâce de l’actrice Khady Mane (Banel), sa beauté authentique traverse et porte le film tel que même le côté Cruella de son rôle ne parvient à en atténuer la magie. En face ou avec, Mamadou Diallo (Adama) est beau comme un dieu. Placide, il joue juste et arrive à transmettre la détresse de son village et à incarner le duel inextricable que se livrent le coeur et la raison.

Les dialogues sont concis, limite laconiques, la pudeur pose la main sur l’objectif de la caméra dès que les scènes romantiques sont sur le point de devenir osées, les scènes de sexe ne sont pas montrées mais suggérés à l’imagination du spectateur. Dès les premiers tableaux, le spectateur est pris dans la volupté d’une contemplation des images de la tombée du jour, d’une pirogue solitaire, d’un homme en fusion avec l’eau du fleuve, une ode à la magie de la « main créatrice ». Ce beau tableau est un peu entaillé par les effets spéciaux qui accompagnent l’épilogue sans entamer l’essentiel : un hymne à la beauté décliné en une sorte de récital sans grandiloquence.|Botowamungu Kalome (AEM)