Dans le camp de Sassou, les rats sont en train de quitter le navire, car outre des courants politiques qui se multiplient et qui se défient au sein de la majorité présidentielle, certains dans l’entourage du chef de l’État se rapprochent de Marcel Guitoukoulou lui rapportant les moindres faits et gestes de Mpila. Même des informations classées sensibles sont révélées instantanément. La dernière : un commando aurait été recruté à Marseille pour éliminer physiquement le docteur Guitoukoulou. Précision ajoutée par nos sources : l’ambassadeur du Congo dans un pays voisin de France aurait été vu à Marseille « en compagnie de tueurs à gage avec des armes dans sa voiture ».
Info ou intox ? L’hypothèse d’une manipulation destinée à affoler le médecin congolais n’est pas à écarter. Il est tout à fait possible que certains proches de Sassou tentent de persuader Marcel Guitoukoulou qu’il mettrait sa vie en danger s’il confirmait sa candidature. C’est une vieille méthode à la soviet qu’avaient déjà expérimentée certains services secrets. Hypothèse vraisemblable à la veille du départ de ce dernier pour Brazzaville où un accueil populaire et chaleureux serait prévisible. L’objectif serait alors d’éviter cette démonstration de force capable de mobiliser un électorat « résigné » qui s’était largement abstenu lors des dernières élections. Autre hypothèse : les proches de l’opposant pourraient avoir boutiqué une telle information en vue de manipuler la presse qui déduirait alors que Sassou a très peur de l’opposant médecin.
Quelque soit la réalité, cette affaire illustre à merveille les veillées électorales en Afrique qui mêlent souvent intrigues, soif de sang, opportunisme, manipulation, intimidations, achat des consciences, allégeances hautement intéressées… et parfois la fébrilité du pouvoir sortant tenté effectivement par le recours à des moyens radicaux.
Quand Sassou questionne Nicolas Sarkozy au sujet de Marcel Guitoukoulou
Par ailleurs, la décision de Nicolas Sarkozy d’élever Marcel Guitoukoulou au rang de chevalier de l’Ordre national du mérite n’aurait pas laissé Denis Sassou N’Guesso indifférent : ce dernier y aurait vu un soutien de la France à l’un de ses probables adversaires à l’élection présidentielle prévue le 12 juillet prochain. Pour en avoir le coeur net, le président congolais aurait délégué un émissaire à Paris pour clarifier la situation. Ndinga M., proche d’Okemba le numéro un du Conseil national de sécurité, serait arrivé jeudi 28 mai dernier, à Paris, afin de « demander des comptes à l’Élysée ».
L’émissaire du président congolais aurait été reçu effectivement par l’entourage de Nicolas Sarkozy qui lui aurait signifié que la France n’entendait pas se mêler de la politique nationale du Congo. La décoration de Marcel Guitoukoulou, aurait ajouté la partie française, est une décision souveraine qui récompensait le parcours professionnel méritoire de l’intéressé ainsi que ses actions humanitaires au Congo. La mission de Ndinga M. ne s’arrêterait pas là : d’ici au samedi 6 juin 2008, date de son retour à Brazzaville, il serait aussi chargé de s’informer sur les stratégies de l’opposition depuis la France en vue de la présidentielle.|Botowamungu Kalome (AEM)