GénérationS Zaïko France (GZF) : L’intelligence au service d’une passion

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Au grand dam des puristes, la musique congolaise s’est laissée envahir et polluer par des dédicaces. Le nombre de noms cités dans une chanson ont ainsi souvent dépassé celui des mots qui constituent le texte de la chanson. La cause est essentiellement économique : les sommes engrangées auprès des mélomanes en mal de publicité dépassent généralement les droits d’auteur ou le pourcentage perçu sur la vente de disques. Il y avait donc urgence pour sauver la qualité de la chanson congolaise et en même temps essayer de rendre la musique congolaise un produit artistique attractif et commercialement rentable.

C’est le pari que s’est lancé GénérationS Zaïko France née en 2001 des cendres des anciens fan clubs à la demande expresse de Jossart Nyoka Longo qui en avait appelé ainsi aux cerveaux de la diaspora congolaise qui avaient abandonné les orchestres à la merci de certaines « fortunes » spontanées et pas toujours très propres de la diaspora congolaise en Europe.

La préparation du concert de Zénith en 2001 avait donné une première indication sur les options choisies par GZF : 8.500 € furent dépensés pour participer à l’organisation du voyage du groupe et pour doper la communication famélique mise en place par l’organisateur du concert. Différents supports publicitaires furent réalisés et Zaïko bénéficia, pour la première fois, de l’hospitalité des pages du quotidien français Le Parisien .

Et comme, ce n’est pas l’aumône que Jossart et Zaïko attendaient de ses fans, tout cela était contractualisé et GZF récupéra sa mise à l’occasion de différents marchés conclus avec le groupe, car cette association avait réalisé quelques productions pour que Zaïko soit mieux vendu : cela passa par des concerts mieux organisés et mieux payés avec notamment un superbe article dans l’hebdomadaire français Marianne et une diffusion des images du groupe sur la télévision internationale Canal France International .

Avec deux concerts à son actif ( Élysée Montmartre et Cabaret Sauvage ), puis la production de trois DVD( dont le dernier, Concert Nobles , a été mis en vente tout récemment*) et d’une cassette vidéo, GZF a commis un sans faute hormis le couac de Cabaret Sauvage où la qualité de la sono était très en deçà du rang de Zaïko.

Des précurseurs

GZF est composée des fans de Zaïko, des têtes bien pensantes, tous des passionnés mais pas des fanatiques. Dès le départ, ils ont mis en place une structure reconnue par l’État français avec une domiciliation au sein d’un cabinet spécialisé moyennant une somme d’argent. Chaque membre s’acquitte d’une cotisation annuelle de 250 € qui sont investis dans différentes productions et dont les bénéfices sont réinvestis dans les mêmes activités.

GZF fut ainsi, en dehors de grands producteurs de la musique africaine, la première à placer ses produits (les DVD) à la Fnac et chez Virgin Mégastore, mais également chez Mégamusique (Canada) qui fait de la vente en ligne. Et contrairement à la quasi totalité de producteurs congolais, les DVD qu’ils ont produits ont tous été déclarés à la Sacem, ce qui fait gagner différents droits aux auteurs et interprètes des chansons reprises.

Cette collaboration semble, d’ailleurs, satisfaire largement Nyoka Longo qui serait sur le point de leur céder l’exclusivité des images de concerts de cette tournée que Zaïko a commencée en 2001.

Des hommes de passion

C’est la passion qui a donc guidé les animateurs de cette association aux origines socio-professionnelles variées : Samba Souleyman (Président) est informaticien, Franck Mambi (Vice-président) docteur en économie et en sociologie enseigne à l’université, Antonio Nzinga est directeur d’une maison de retraite, Faustin Mpaka entraîneur de boxe, Nzoko Tshotsho ancien footbaleur international qui arpente les routes européennes pour placer les produits de GZF exactement comme il slalomait sur le rectangle vert du Stade « du 20 mai »… Cette passion, parfois exacerbée, a malheureusement amené certains fans « historiques » à rester en retrait pour divergence d’approches… tel le sanguin Guy Mabita, un chef d’entreprise, qui aurait été très utile dans cette association.

L’actuel comité arrive au terme de son mandat et des élections sont prévues le week-end prochain. Le comité dirigé par Samba a réalisé un travail remarquable en ouvrant la voie d’une meilleure commercialisation du produit Zaïko. Chapeau bas.

De nouvelles perspectives se dessinent, comme celle d’étendre les activités au niveau de toute la France et justement doper les recettes de Zaïko, c’est le programme qu’affiche Antonio Nzinga pressenti candidat à la succession de Samba qui pourrait s’effacer en raison des responsabilités accrues à son travail. Déjà un partenariat est envisagé avec l’agence de fret CONEX et l’arrivée de nouveaux membres tel Docteur Mbey (qui vit en Bretagne) et des frères Moungiama de nationalité gabonaise.

Quant à « Prof » Franck Mambi, il pourrait rester tout aussi discret mais toujours très impliqué, ce qui correspond bien au tempérament de ce Congolais qui avait été sollicité comme secrétaire d’Etat à la Formation professionnelle à Kinshasa, qui reste très courtisé par des partis politiques mais qui pense que « GZF est une sorte de laboratoire, d’expérience pilote et qu’il est tout aussi valorisant de s’investir dans cette entreprise qui est à la fois une démarche intellectuelle, sociale et économique qui pourrait, toutes proportions gardées, inspirer l’action politique ».

On n’oubliera pas également le travail remarquable de Kallé Vemakondele (Secrétaire) et de Paul Kiala (Conseiller).|Botowamungu Kalome (AEM)