Jossart Nyoka Longo : « Quand j’étais président de la Sonéca, j’ai dû passer par leur producteur Simon à Paris pour convaincre mes jeunes frères de Wenge de s’affilier à une société des droits d’auteur »

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Le musicien congolais pourrait-il encore vivre de ses œuvres ? Rien ne permet de le penser aujourd’hui, moins encore les différentes crises qui se sont enchaînées au sein de la nouvelle société des droits d’auteurs et compositeurs, la Socoda. La nouvelle direction se veut, cependant, optimiste à l’image de l’un de ses administrateurs Jossart Nyoka Longo.

AFRIQU’ÉCHOS MAGAZINE (AEM): Vous venez d’intégrer l’équipe dirigeante de la Socoda, cette société a-t-elle un avenir après tant de remous ?

JOSSART NYOKA LONGO (JNL): Je crois que le départ n’était pas bon. Cela fait presqu’un mois qu’il y a un nouveau conseil d’administration qui a été élu, nous sommes encore en train de procéder à l’état des lieux de la société, je crois que d’ici quelques semaines on va relancer la Socoda.

AEM: Qu’est-ce que vous pouvez dire à propos de certains artistes très critiques sur la présence de Kiamwangana Mateta à la tête de cette structure ?

JNL: Je ne peux pas répondre à leur place. Comme je l’ai dit toute à l’heure, les choses avaient mal commencé avec toutes les procédures pour la liquidation de la Soneca, la Socoda n’était pas vraiment prise au sérieux. L’actuel ministre de la culture, homme de culture aussi, a enfin compris les choses, raison pour laquelle il avait insisté lors des deux derniers conseils d’administration pour que soient convoquées des assemblées générales ordinaires et extraordinaires pour bien corriger les choses. C’est pour cela qu’il a décidé, (avec l’appui de la plus haute autorité de l’Etat) de confier la restructuration de la Soneca aux intéressés par la mise en place d’une commission dont nous faisons partie, Kiamwangana Mateta, le professeur Liyolo, le professeur Lema pour ce qui est des plasticiens; pour le théâtre populaire, il y a Elombe, Masumu Debrendé et Kwedy. Nous avons fait le travail qui nous a été demandé en convoquant les deux assemblées générales …

AEM: Cela n’a pas empêché des contestations…

JNL: Personnellement, je pense qu’une société des droits d’auteur n’est pas une association de tous les artistes, seuls les créateurs d’oeuvres d’esprit ont le droit de faire partie d’une société des droits d’auteur parce qu’eux créent et produisent. Une société des droits d’auteur, son rôle est de percevoir les droits d’auteur et de les répartir, à partir du moment où vous n’avez aucune œuvre produite et déclarée, vous ne pouvez pas faire partie d’une société des droits d’auteur. Et c’est ce que beaucoup de nos confrères, de nos amis ne comprennent pas. Si certains sont hostiles à Kiamwangana Mateta, je crois que c’est par rapport à son passé, pas en tant que dirigeant de la Socoda, mais comme éditeur, comme patron des orchestres, avec tout ce que l’on sait…

AEM: Au niveau des adhésions, depuis la création de cette nouvelle société des droits d’auteurs, quelle est la tendance ?

JNL: Comme je l’ai déjà dit, le départ n’était pas bon, nous avions tous hésité, nous avons adhéré deux ans après notre retour au pays. Maintenant, comme les choses commencent à bouger, je crois qu’il y aura encore plus d’affiliés.

AEM: Il y a aujourd’hui une génération d’artistes qui n’ont pas connu l’ancienne société des droits d’auteur la Sonéca, se montrent-ils intéressés ?

JNL: C’est le travail qui attend aujourd’hui la nouvelle direction de la Socoda : vulgariser les droits d’auteurs à travers toutes les corporations culturelles. À titre d’exemple, moi j’étais président de la Sonéca, de 1991 à 1993, pour arriver à convaincre nos jeunes frères de Wenge je devais passer par leur producteur Monsieur Simon quand ils étaient en France. Ils en étaient, je crois, à leur troisième album mais aucun parmi eux n’était affilié à aucune société des droits d’auteur. Comme je le dis à chaque fois, c’est le grand problème de notre culture, de notre métier; parce qu’il y a beaucoup de jeunes gens qui arrivent aujourd’hui dans cette profession en dilettantes, ce n’est pas par amour pour cette profession. Ils arrivent dans ce métier sans avoir de modèle, sans avoir de maître, il faut un grand travail pour les convaincre que les droits d’auteur c’est le salaire d’un créateur d’œuvres d’esprit, qu’ils doivent aussi s’y conformer. Parce que beaucoup se contentent comme on dit aujourd’hui des mabanga…

AEM: Comptez-vous présenter des bilans d’étapes ?

JNL: Nous sommes en train de faire l’état des lieux, il faut adapter les textes, nous devons aussi procéder à un audit interne et externe, avec l’instruction des créances parce qu’il y a des choses anormales que nous avons trouvées, des détournements dont nous avons trouvé des preuves…

AEM: Continuez-vous à toucher des droits d’auteur ?

JNL: Les droits de reproduction mécanique à la Sacem oui, mais pour ce qui est des droits TV et Radio ainsi que des droits d’exécution publique en RDC cela fait plus de 20 ans que j’attends…

AEM: Quelle serait la chanson qui vous a rapporté plus ?

JNL: Toutes mes chansons m’ont apporté quelque chose directement ou indirectement.|Propos recueillis   par Jossart Muanza (AEM)

 

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