La RTNC consacre le tiers de son temps d’antenne à divertir

Avatar photo

Le site internet du Centre national de ressources textuelles et lexicales (Cnrtl) propose plusieurs définitions du verbe divertir et deux paraissent très parlantes pour évoquer l’action de la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC) dans sa mission de lutte contre le sous-développement : « S’éloigner du réel, se détourner de la vue de l’essentiel » et « adoucir le mal par des activités absorbantes ou agréables ». Serait-ce faire un mauvais procès ou faire offense à ce média public en résumant ainsi son action ? À priori non comme cette étude : « Télévision publique et sous-développement en RDC » sortie en 2011, aux Editions universitaires européennes sous la signature de Patient Ligodi, journaliste et enseignant à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication.

 Après une plongée dans les différentes approches du concept sous-développement lancé par le président américain Harry Truman en se basant sur « le présupposé que l’occident était le modèle de référence », l’auteur va privilégier la définition proposée par le Pnud : « la précarité des conditions vitales à l’existence qu’on appelle autrement les besoins fondamentaux » (nourriture, logement, éducation, revenu, transport…) Le président Mobutu va, pour sa part, récuser le terme du sous-développement pour celui des pays sous-équipés. Afin de notamment vulgariser sa philosophie politique et promouvoir son action, Mobutu créa l’Office zaïrois de radiodiffusion et de télévision (OZRT) placé sous la responsabilité du ministère de l’orientation nationale avant de devenir le ministère de la mobilisation, propagande et animation politique (Mopap). Les termes sont sans ambiguïté et le contenu de l’antenne en fut l’authentique reflet.

 Patient Ligodi ne le souligne pas mais la propagande s’affiche comme l’ADN de l’Ozrt mais son analyse de la grille de la Rtnc, ainsi rebaptisée après la chute de Mobutu, fait un constat significatif : le divertissement occupe 31 % du temps d’antenne. Serait-on passé de la volonté de formater l’opinion à la stratégie de divertissement au sens de détourner l’attention des Congolais de la précarité généralisée et croissante de leur situation ? La Rtnc serait-elle encore une télévision qui lutte contre le sous-développement ? À cette dernière question, l’auteur semble faire la moue à la place d’une réponse franche, nette.|Botowamungu Kalome (AEM)