Un soir d’automne à Savigny-le-Temple, les caméras à peine éteintes, le docteur Marcel Guitoukoulou embraye sur le sort de la femme congolaise avec Joseph Pululu (Radio Mangembo) et Yves Kambala (Antenne A) qui viennent de l’interviewer : « Le sort de la femme congolaise ressemble à celui du Congo : Sassou lui dénie la dignité et la dépouille de tout moyen d’épanouissement social et économique. Après plus de 25 ans à la tête du pays, il n’a jamais voulu modifier la loi qui autorise encore la polygamie… »
À l’occasion de la journée internationale de la femme, le docteur Guitoukoulou voudrait dénoncer une situation qu’il juge scandaleuse : « J’invite les Congolais, les Africains et tous ceux qui sont épris de respect pour les femmes de nous retrouver, le samedi 12 mars 2011, à Pantin, pour exiger la dignité pour la femme congolaise. Tout le monde semble s’accommoder des discriminations faites à la femme comme de la prédation des richesses du Congo par le clan Denis Sassou N’Guesso ». Une soirée ouverte à tous, conviviale mais clairement politique, qui servirait manifestement au médecin congolais de répondre à la fameuse question : « Guitoukoulou, combien de divisions ? ». Dans la nébuleuse des politiques congolais dont l’action sans une réelle assise populaire se cantonne à des déclarations sur Internet, cet opposant à Sassou chercherait, sans doute, à démontrer la pénétration de son message au sein de l’opinion congolaise.
« Libération de la femme » : Au-delà de la symbolique de la célébration
Lorsqu’on le soupçonne de s’adonner à de la célébration pour la célébration, Marcel Guitoukoulou précise son discours sur la femme congolaise : « Mon discours n’est pas un tissu de vœux et d’incantations, je relève des questions précises, concrètes. Savez-vous que l’article 336 du code pénal considère qu’une femme est coupable d’adultère en cas de relation extraconjugale tandis que c’est le cas pour l’homme uniquement si cette relation a lieu dans le domicile conjugal ? Et vous savez pourquoi ? Comme le législateur permet à l’homme d’épouser jusqu’à quatre femmes, les relations extraconjugales sont assimilées à des recherches pour contracter de nouveaux mariages. C’est la décision de la Cour suprême du 16 avril 1971 dans l’affaire Milandou Zéphirin contre Diangouaya Germaine ».
Le plaidoyer du docteur interpelle encore plus quand il rappelle que l’article 334 du code pénal légitime quasiment le meurtre de l’épouse et de l’amant surpris en flagrant délit d’adultère dans le domicile conjugal contrairement au même crime commis dans une situation identique par l’épouse. Et Marcel Guitoukoulou de souligner que sa vision politique n’est pas segmentée : « Je n’isole pas le cas de la femme, car il est illustratif de la situation du peuple congolais. En menant le combat pour la femme, c’est combattre l’asservissement des Congolais, de la même façon on ne peut libérer les mentalités, épanouir le peuple congolais en omettant de dépoussiérer l’arsenal juridique de notre pays ».|Botowamungu Kalome (AEM)