RDC : Botowamungu Kalome « oppose » à Seth Kikuni « Des idées pour revivifier les médias congolais »

Avatar photo

C’est le premier buzz de la précampagne électorale qui anime, depuis peu, le pays : Seth Kikuni promet de vendre la Radio-télévision nationale congolaise s’il est élu président de la République. En cause : son inféodation au pouvoir. La suite de son projet est tout aussi étonnant : « Je vais, ensuite, distribuer le produit de la vente à d’autres médias ». Entre révolte et dérision, les journalistes congolais dénoncent « un projet simpliste ». À 8.000 km de son pays natal, notre rédacteur en chef Botowamungu Kalome ose une réponse alternative qu’il décline en « idées pour revivifier les médias congolais ». Le confrère explique « ses » idées à Afriqu’Échos Magazine.

AFRIQU’ÉCHOS MAGAZINE(AEM) : Le débat est lancé entre Seth Kikuni et toi…

BOTOWAMUNGU KALOME (BOKAL) : Lui est candidat à l’élection présidentielle et annonce ce qu’il compte faire s’il est élu, moi je lance une réflexion sur l’état et l’avenir de la presse congolaise pour en discuter avec des amis, notamment des confrères journalistes.

AEM : Tes réflexions ont pourtant les contours du programme d’un candidat à l’élection présidentielle…

Bokal : Ce n’est pas un programme. Un programme est une réflexion aboutie traduite en actions planifiées et qui comporte des précisions sur les moyens et les modalités de son exécution. Mon document reste une contribution intellectuelle qui, je l’avoue, répond, d’une certaine façon, au projet de Seth Kikuni. Mais pas  que.

« Si Seth Kikuni était médecin, il couperait la tête à tous ses patients qui souffriraient de la migraine ou des céphalées »

AEM : La vente envisagée de la Rtnc t’a choqué à ce point ?

Bokal : Seth Kikuni a voulu singer les Congolais qui disent : « Mboka oyo ekobonga lisusu te, bateka  yango kaka mutu na mutu azua part na ye » (On ne peut plus sauver ce pays, qu’on le vende et qu’on donne à chaque Congolais sa part).

AEM : La RTNC est pourtant décriée par la très grande majorité des Congolais…

Bokal : Si Seth Kikuni était médecin, il couperait la tête à tous ses patients qui souffriraient de la migraine ou des céphalées et couperait les jambes à tous ceux qui auraient un œil de perdrix sur un orteil.

« l’Agence congolaise de presse peut générer des recettes d’un million de dollars par mois »

AEM : Dans tes réflexions, tu soutiens que l’Agence congolaise de presse peut générer des recettes mensuelles de 50’000 à un million de dollars, c’est un peu utopique, non ?

Bokal : Les Congolais seraient aujourd’hui 80 millions au pays et à l’étranger, 30 millions au moins sont instruits et parmi eux au moins 10 millions ont un smartphone et accès à internet. Sur ces 10 millions, au moins 1 million seraient prêts à payer 1 dollar par mois pour avoir  des informations, des photos et des vidéos en temps quasi réel de l’actualité de leurs villages d’origine, de tout le pays.

AEM : Ça ne t’est pas venu à l’esprit de proposer tes idées à un candidat à l’élection présidentielle ?

Bokal : Je ne suis pas à vendre, je n’ai pas des idées à vendre. Je ne me vois pas en train de démarcher les hommes politiques congolais.

AEM : Tu n’empêcheras pas les gens de penser que tu cherches à te montrer, à te placer ?

Bokal : J’ai la nationalité française et je ne suis pas du tout partisan de la double nationalité en RDC. Du moins dans le contexte actuel. Cette position ne date pas  d’aujourd’hui, tous mes amis le savent.

AEM : Qu’attends-tu alors de la publication de ce document ?

Bokal : Je l’ai dit; juste un débat large et animé, sans langue de bois. Je suis d’ailleurs étonné que l’Union nationale de la presse congolaise (Unpc) n’ait pas pensé à lancer une réflexion et à imposer une sorte de cahier des revendications aux candidats à l’élection présidentielle. En même temps, je ne me fais pas d’illusion : le document fait 6 pages, très très peu vont le lire dans son intégralité.

« J’ai également des propositions sur les églises de réveil »

AEM : La presse est-elle la seule thématique qui te passionne dans cette présidentielle ?

Bokal : J’aurais pu publier également un tel document sur le sport, sur la culture, sur les églises, particulièrement sur les églises de réveil.

AEM : Sur les églises ?

Bokal : Oui, tu as bien entendu ; sur les églises. Les aider à comprendre la nécessité de s’insérer dans le tissu social, à assurer leur part du travail dans le vivre ensemble. J’aurais proposé que toutes les églises aient une personnalité juridique, que leur domiciliation soit attestée par un titre de propriété ou un contrat de bail, que les offrandes soient déclarées au fisc et qu’à partir d’un seuil elles soient déposées dans une banque pour éviter la thésaurisation, qu’aucun malade ne soit gardé dans une église, que les cultes amplifiés par une sono soient limités à des horaires compatibles avec le repos ou le sommeil du voisinage…

AEM : Tu en as des choses à dire !

Bokal : La RDC m’a offert quasi gratuitement une excellente instruction, je lui dois au moins ça.

|Propos recueillis par Jossart Muanza (AEM)