En ce jour où tu as été rendu à la terre, je cherche toujours des mots, les bons, les plus justes, pour te dire « au revoir » ou « adieu ».
On en aurait parlé et tu m’aurais dit, avec un brin de sourire malicieux : « Mais Boto, tu sais bien que je suis agnostique, que je ne crois vraiment pas qu’une force suprême a pris un peu de terre, m’a sculpté puis soufflé dans mes narines afin que je naisse et vive… »
Je t’aurais alors rappelé ce surprenant aveu que tu m’avais fait en 2002 au sujet d’un concert de Zaïko, un groupe que tu chérissais tant : « J’arrive au Zénith vers 00h30, effectivement il n’y avait que 800 personnes et la grande salle de Zénith en train de nous observer. C’est donc la grosse panique ; moi qui suis plutôt agnostique et laïque, j’ai commencé à invoquer le ciel sans savoir d’ailleurs envers qui j’adressais cette prière… ». On serait alors partis, tous les deux, dans un fou rire.
Tu aurais, ensuite, repris la parole pour souligner que tu étais agnostique, laïque mais que tu respectais les croyances des uns et des autres. Tu aurais illustré ton propos, avec ironie, en rappelant ce rite de libation à laquelle tu t’étais adonné avec d’autres fans de Zaïko après avoir placardé la première affiche annonçant ce concert de Zénith.
Tu étais laïque mais l’humanisme me semblait être une religion chez toi, un positionnement que tu assumais sans peur d’être jugé.
Cher Prof Franck Mambi, maintenant que tu es passé de l’autre côté, sois comme néant parce que rien ne survit à l’homme après sa mort comme tu le soutenais, sois comme une âme qui découvre -un peu ennuyée- l’au-delà, il me reste l’impérissable souvenir de ton amitié et surtout de cette immense confiance que tu m’accordais. Ton autodérision des Bakongo aussi va me manquer.
Tu étais un homme tellement apaisé que tu es mort « tranquille » dans ta sieste : sans doute ton côté Mukongo, tellement doué dans l’art de la discrétion même au moment de quitter à jamais femme, enfants et amis. Sans mot dire.|Botowamungu Kalome (AEM)